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Cette semaine, j’ai constaté l’arrivée imminente du seuil critique de mon stock de breuvage sacré à consonance « so british », mon stimulant, mon petit voyage au bord du mug, ma drogue douce (avec le chocolat, l’amour, etc.), j’ai nommé le thé.ine,
. j’ai constaté l’arrivée imminente du seuil critique de mon stock de
Ni une, ni deux, en voiture Simone - enfin plutôt en Transilien Sister - me voilà en quête de petites feuilles parfumées destinées à de douces infusions.
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Je me pointe chez mon dealer, euh mon revendeur agréé, dûment assermenté à me fournir les jolies boîtes garnies ou recharges en écrins souples. Auprès de lui, je collecte les quelques sachets de variétés que j’affectionne. Soudain, ô rage, ô désespoir, ô approvisionnement ennemi, n’ai-je donc fait 30 km que pour cette pénurie ? En effet, il m’apprend qu’il n’a plus de « Mayflower ». Ah bah me v’la bien ! Ne pas paniquer, ni se rouler par terre dans cet établissement respectable, pas de scandale, ne laisser apparaître aucun stress ou goutte de sueur traîtresse, rester maître de ses émotions, gérer la mauvaise nouvelle.
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« Oh, vous n’en avez plus. Quel dommage ! Auriez-vous une saveur très approchante ? »
« Oui, la maison vient de créer un nouveau mélange, assez similaire, le voici. »
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Étant d’un caractère joueur et un brin téméraire, je demande à sentir un peu leur dernière création.
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« Ah oui, il est ressemblant, sympathique, mais il y a un léger parfum qui diffère, que je ne reconnais pas. Pourriez-vous me dire ce qu’il contient comme ingrédients ? »
« Ouhla, je ne sais pas trop, il est très récent, je vais regarder dans notre petit manuel descriptif. »
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Comme je plaisantais avec le vendeur à propos du snobisme de certains clients qui achètent plus une marque qu’autre chose, il me confirmait qu’effectivement, certains pseudo-connaisseurs prenaient le plus cher sans être capables d’en apprécier les arômes subtils. Parfois même, ils revenaient le voir en prétextant qu'il avait dû se tromper en leur vendant autre chose qui n’avait aucun goût ou le trouvant trop fadasse. Hérétiques, qu’ils sont ! On se moquait gentiment de cette caste de parvenus persuadés que leur portefeuille bien garni leur assure par là-même une culture et un jugement sûr, voire indiscutable, concernant toute chose. Hé oui, la bêtise frappe dans la chaque classe sociale, aucune n’est totalement épargnée.
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Autre petit détail qui me fait bien marrer, c’est de voir certaines femmes se forcer à boire du thé vert (en tentant de dissimuler une grimace face à l’amertume et au goût si particulier) juste parce qu’elles ont lu quelque part que c’était un très bon antioxydant, antivieillissement et j’en passe. Il est si impressionnant de voir ce que la mode ou les magazines féminins arrivent à imposer comme tortures volontaires aux fashion victims.
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Après quelques minutes de recherche, il trouve l’avenant descriptif, trop récent, il ne figurait pas encore parmi les pages du manuel de base.
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Afin de ne pas altérer l’importance des termes, j’ai retrouvé la description exacte qui est faite du mélange dont je captais les effluves avec gourmandise.
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« Mélange gracieux évoquant la fascination pour cet ancien comptoir des Indes françaises situé au nord de Madras. Il se compose de thés noir et vert des hauts plateaux avec les notes majestueuses des fragrances exotiques et est agrémenté de fleurs de fête. Thé poétique et parfumé. »
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Hé bien me voilà bien avancée avec ça ! Des fleurs de fête ? Même sur Google, ils ne connaissent pas.
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On gloussait de bon cœur à la lecture de ce descriptif aussi flou que poétique.
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Pour me faire une idée plus précise, j’ai demandé à ce qu’il regarde ce qui était indiqué pour celui que je recherchais et qui devait similaire au nouveau. En voici le détail :
« Thé noir de Chine parfumé aux arômes de fleurs poussant sur la côte Pacifique des Etats-Unis. Agréablement surprenant. »
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Oh la vache ! Ça va loin aussi. Nous voilà maintenant avec des fleurs californiennes ou assimilées.
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Constatant que le service marketing de la marque ne manquait pas d’imagination, nous avons feuilleté pendant quelques minutes les « arguments de vente » afin de voyager un peu par la pensée. On a bien rit, bien rêvé aussi. Finalement, c’est amusant de compulser ainsi les dessous d’une tasse de thé, sans en apprendre beaucoup sur la composition réelle de l’infusion recherchée.
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Juste pour quelques grammes de finesse supplémentaire, voici ce qui est dit de leur thé le plus réputé :
« Succès incontesté de la Maison Mariage Frères, ce mélange secret vous fera voyager dans les plus lointaines et mystérieuses contrées. Les senteurs de fleurs et de fruits de Chine et du Tibet lui confèrent un arôme velouté unique. Un bouquet extraordinaire pour le plus mythique des thés parfumés. »
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J’en déduis donc que j’aime les thés contenant des fleurs et des fruits du bout du monde, mais je ne saurais jamais réellement lesquels…
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Sister « fancy a cup of tea? »