On ne le dira jamais assez, les Anglais ne sont pas comme nous. Depuis des lustres qu’on essaye de les comprendre, il y a toujours quelque chose qui nous échappe dans leur logique. Ce n’est pas moi qui le dit, mais l’Histoire avec un grand H, puisqu’il y a qu’à voir le nombre de fois où on s’est foutu sur la tronche pour un oui, pour un non. C’est bien qu’ils nous en veulent ou qu’ils font rien qu’à nous embêter. La preuve, ils veulent bien faire l’Europe, mais en gardant leur monnaie, ils acceptent le tunnel sous la Manche, mais sans changer leurs rails, ils persistent à rouler à gauche. Bref, rien que des trucs pour nous faire voir qu’ils ne se mélangent pas au reste du monde.
Bon, je ne veux pas critiquer en masse, car y’a franchement des trucs qu’ils font mieux que nous, comme le rock (mancunien, « liverpoolien » ou autre), les jardins poétiques, les monarchies qui durent, etc. Mais on reste au top sur la bouffe, le pinard, le climat et j’en passe.
N’empêche, ils sont vraiment pleins de contradictions ces British. J’en veux pour preuve un truc tout simple, le thé. Étant une grosse consommatrice de cette boisson, je me suis souvent dit qu’en allant en Angleterre, j’allais pouvoir goûter les crus les plus suaves, les saveurs les plus incroyables, les mélanges les plus subtils… hé bien « no way ».
Cela remonte à un paquet d’années en arrière, mais la première fois que j’ai débarqué sur leur territoire, pour une formation « en immersion », je jubilais d’avance lorsque mon interlocutrice me proposa une tasse de thé.
Chacun ayant déjà sur son bureau son mug fétiche affichant souvent un message amusant ou décalé si fidèle à leur humour inimitable, elle m’en tend un tout blanc, même pas au logo de l’entreprise, bon, pas grave. Elle remplit donc nos mugs d’eau bouillantissime d’une bouilloire électrique hors d’âge. Et là, Ô sacrilège ! Elle y plonge un sachet de Lipton Yellow !!! Elle l’agite dans la flotte 3 secondes (le bidule a à peine le temps de teinter l’eau) et le balance à la poubelle.
Sacrilège ! Ils boivent donc cette horreur qui ne devrait même pas porter le nom de thé, tellement il ressemble à de la poussière au goût amer plutôt qu’au divin breuvage.
Pour ma part, j’opte pour un sachet de Tetley English Breakfast et nous repartons bosser.
Durant mon séjour, que ce soit chez des amis anglais « pur jus », des collègues, à l’hôtel ou au resto, pas une seule fois je ne vais avoir le droit à autre chose que des thés basiques, en sachet et très moyen-moins. Bon, je ne dis pas qu’il n’en existe que de mauvais, puisque des années plus tard, j’en testerai de très bons lors d’un séjour en Écosse, mais à Londres, j’ai été super déçue. Ça m’a fait le même effet que si vous alliez visiter la Cité Interdite de Pékin et que vous vous rendiez compte que ce n’est qu’un décor en carton-pâte. Tristesse.
Un mythe s’effondre.
Je ne sais pas si les choses ont changé aujourd’hui, mais en revenant de chez leurs voisins écossais, là je n’avais pas hésité à rapporter un spécimen inconnu en France et que j’avais bien apprécié. Un jour, totalement par hasard dans les rayons d’un Monop’, je tombe sur son équivalent français, au goût identique, mais au packaging totalement différent. C’est là qu’on voit qu’ils sont plus simples et pragmatiques que nous dans le domaine.
À gauche, la version anglo-saxonne : une simple boîte qui s’ouvre et se ferme très facilement, avec à l’intérieur les sachets plats, tout simples, prêts à l’usage.
À droite, notre emballage français : une boîte trouée pour montrer les sachets individuels qu’il faut ensuite déchirer pour sortir les vrais sachets de thé qui sont pliés avec un système de soufflet, une agrafe, une ficelle qui mène à une petite étiquette également agrafée. En clair, tout un bordel compliqué et générateur de déchets inutiles.
Alors finalement, les Anglais peuvent avoir le sens pratique quand ils le veulent et ce sont les Français qui font des manières pour rien du tout. Comme quoi, la surprise est parfois cachée derrière une simple « cup of tea ».
Sister « tea time à toute heure »