Depuis toujours, j’ai la fibre écolo. Ce n’est pas grave, hein, ça ne fait pas mal, juste une prise de conscience de ce que je peux éviter d’infliger à la planète. Donc, à ma petite échelle, minuscule devrais-je dire, je fais ce que je peux pour limiter mon impact sur l’environnement, pour alléger mon bilan carbone ou toute autre appellation à la con pour dire qu’on est en train de s’autodétruire.
Ainsi, par pure bonté d’âme et pour ne pas avoir ça sur la conscience, je prends les transports en commun. Oh si ! Le mot n’est pas trop faible, voici d’ailleurs quelques uns des bénéfices obtenus. Vous allez voir, c’est énorme ! :
- je n’engraisse pas les firmes pétrolières
- je n’accentue pas la pénurie de carburant
- je fais gagner des sous à mon assureur (pour qui le risque de sinistre tombe quasiment à zéro quand ma voiture reste au garage)
- je n’impacte pas sur le trou de la Sécu par un accident avec dommages corporels
- je n’accrois pas le déficit public puisque je ne tombe pas en panne sur la chaussée ou n’ai pas d’accrochage, ce qui évite à la police et aux pompiers de se déplacer
- je préserve la faune en n’écrasant ni moucheron, ni hérisson, ni sanglier, ni brésilien-brésilienne de la forêt de Saint-Germain
- je soutiens l’industrie de l’édition en lisant plutôt qu’en scrutant bêtement la route et les poids lourds inconscients
Accessoirement, cela me permet – quand je sors le soir - de boire plus d’une pinte de Guinness (de planteur ou mojito au choix) et pouvoir rentrer chez moi sans m’endormir au volant et tuant au passage des innocents sur mon trajet.
Toutefois, ce dévouement - tout à mon honneur - (oui, je m’envoie quelques fleurs, mais il faut bien, personne ne le fait à ma place), requiert un aspect que les non pratiquants ne peuvent pas comprendre. Surtout vous, amis de province, à qui ne je ne jette pas la pierre, mais qui sont si loin de nos réalités banlieusardes quotidiennes.
Ce qu’on ne vous dit pas au guichet, en vous vendant à prix d’or ce fichu bout de plastoc qui a remplacé feu la carte orange, c’est qu’il va falloir vous doter d’une faculté rare : la patience.
Oui, ne nous voilons pas la face, pour tenter un trajet Paris-banlieue, c’est jouable (si le parcours n’est pas émaillé de grèves, incidents, agression, dégradations, etc.), mais si vous tentez le super banco banlieue-banlieue, là, vous allez en baver un max ! De même pour le soir, on en chie des ronds de chapeau pour rejoindre le home sweet home à Perpette-les-Oies.
Petit résumé d’une journée presque ordinaire.
Rendez-vous était pris avec Coopactive à 17h30 à Beaumont. 40 minutes de train avec une correspondance et 10 minutes de marche. 2 heures de réunion puis retour sur Paname pour prendre des documents importants chez un « associé ». Au moment de prendre le train, j’ai l’immense opportunité de voyager dans ces fameuses nouvelles rames flambant neuves qu’on ne voit quasiment jamais en circulation. Afin de ne pas se les faire détruire par nos charmants casseurs-délinquants jeunes de banlieue, le STIF a réservé ces trains à une ligne paumée et à des horaires peu fréquentés. C’est qu’ils nous ont coûté une fortune les beaux wagons Bombardier (oui, Alstom – le constructeur français – aurait pu remporter le marché, mais cela aurait créé des emplois, ce qui semble aller à l’encontre de la politique actuelle) alors faudrait pas se les faire taguer et bousiller par des débiles à casquettes, nos beaux engins.
Ainsi, j’ai eu l’insigne honneur de visiter à loisir ce qui ressemble à une discothèque tellement ça clignote de partout avec des lumières multicolores et sièges assortis. Impossible de piquer un roupillon parce qu’en plus il égrène les gares et fait plein de bips-bips, de tut-tut et autres. Très utile pour les non-voyants, personnes âgées et les étourdis.
OK, il est très joli, mais comme les autres, il a eu 10 minutes de retard. Donc j’arrive après 1h10, puis encore 30 minutes de métro et 10 de marche. A 23h20, il est temps que je rentre. Rebelote dans l’autre sens. Mon train de banlieue vient de partir sans moi, à quelques instants près, c’est rageant, surtout quand il faut attendre 45 minutes pour le prochain et dernier ! Devant les quais, il y a visiblement eu un problème, puisqu’il n’y a pas moins d’une vingtaine d’agents de la police ferroviaire. Moyennement rassurant.
Arrivée à une gare intermédiaire où, en principe, je prends une correspondance, des agents sur le quai nous indiquent qu’il est supprimé, pour une sombre raison qui ne nous sera pas communiquée. Un bus nous attend non loin. Je me retrouve entre des supporters du PSG qui puent la sueur et la bière, des types qui doivent être fâchés avec la douche, des p’tits cons qui foutent leur MP3 sur haut-parleur pour bien faire chier le monde et des types bourrés qui se vautrent sur les sièges. Il y a même une nana avec un lapin vivant lové dans ses bras, ce qui n’a pas manqué de susciter les réflexions grasses et lourdes d’un vieux : « c’est une lapine ? Parce que moi aussi j’ai la pine », « vous allez le bouffer en civet ? J’aime ça avec un bon pinard », etc. Quel pied ! Ah vraiment, on ne s'en lasse pas.
Finalement, je suis arrivée chez moi quasiment à 2h du matin. Dure journée !
En reconstituant grosso modo le parcours, j’ai effectué moins de 87 kilomètres et cela m’a pris plus de 5h30 ! Ce n’est vraiment pas une sinécure de bouger écolo…
Sister « on the road again »