La vie nous joue parfois de drôles de petits tours pendables et il est surprenant de voir à quel point cela influence notre existence.
Personnellement, je n’ai pas tout à fait compris cette notion abstraite (pour ne pas dire absconse) autant qu’étrange qu’est le « lâcher-prise ». Pour moi, cela figure plutôt quelqu’un qui s’accroche à son rêve, à son projet ou à ses ambitions et à qui on demande de laisser tomber, d’abandonner. Genre : « tu oublies tout ça et tu passes à autre chose, hein ? ».
Qui n’a pas déjà entendu un autre lui dire : « le grand amour ? Oh tu le trouveras quand tu ne t’y attendras pas, ça vient tout seul ces trucs là ». Sauf que lorsqu’on est célibataire, on a beau faire semblant ou se dire que bon, ok, on va faire comme si de rien n’était… Mais, dès que se pointe un mâle (parce que je suis une irréductible hétéro) correspondant aux critères qu’on apprécie et qui se trouve à passer dans notre champ de vision, on n’arrive plus du tout à « lâcher prise » et direct on l’envisage comme « proie » potentielle ou un candidat à la candidature de l’élu de notre cœur au suffrage universel de notre libido.
Il ne faut pas se leurrer, c’est comme cela pour tout. Sinon les gens ne joueraient pas au Loto, ne plaqueraient pas famille et patrie pour une vie meilleure, s’ils n’avaient pas la furieuse envie de décrocher le pactole ou de vivre leur rêve.
Du coup, je ne sais pas trop à quel moment il nous tombe dessus ce fameux « coup du sort positif » qui doit se pointer au moment où on s’y attend le moins.
L’autre soir, j’ai eu un début de réponse, du moins me semble-t-il, moi qui ne suis pas abonnée à Psychologie Magazine et consorts. Alors que nous nous baladions nuitamment à Paname avec un ami, après un bon resto, en plein milieu de notre discussion, un mot me manque, je le lui décris donc sommairement, histoire de me faire comprendre : « Mais si, c’est le moyen de situer un endroit précis à partir de trois points de repère, où qu’ils soient », « c’est pareil avec les antennes relais des téléphones mobiles ». Bref, l’adjectif m’échappe et impossible de remettre la main dessus. Pourtant, mon cerveau le connait, il l’a juste mal rangé ou s’embrouille et n’arrive pas à le retrouver au moment opportun. J’ajoute alors : « Bof, ce n’est pas grave, ça me reviendra lorsque je ne m’y attendrais pas, ou en faisant quelque chose qui n’a aucun rapport ». Je parie que cela vous est arrivé également, ça doit être un classique du genre, car effectivement, 2 heures plus tard, à peine rentrée chez moi et pendant que je me lavais les dents, voilà que le mot se pointe sans crier gare : « tri-an-gu-la-tion ». Mais oui, mais c’est bien sûr ! Je l’avais sur le bout de la langue tout à l’heure !
Je ne sais pas si cela vient d’un problème de neurones qui glandouillent en route et arrivent bien après la bataille, mais cet état de fait n’a rien d’exceptionnel. Et non, ne commencez pas à me dire que je gatouille ou qu’Alzheimer me gagne, c’est même pas vrai !
Du coup, je me demande si ce ne serait pas cela le principe du « lâcher-prise », une sorte de partie de cache-cache avec le destin. Si on n’arrive pas à trouver la personne qui se planque, le plus simple est de faire comme si on n’avait arrêté la partie et de guerre lasse, l’autre joueur finit par sortir de sa cachette de lui-même.
Les matous font un peu pareil avec les souris, ils leur donnent des petits coups de patte, jouent avec, font semblant de laisser partir la bestiole en tournant la tête en faisant mine de regarder ailleurs pendant que le rongeur détale, mais pas bien loin, car le greffier lui fonce dessus illico et sans ménagement.
Donc, pour provoquer le sort, il faudrait détourner notre attention de l’objectif, se focaliser sur autre chose ou laisser vagabonder ses idées loin du but qu’on cherche à atteindre. Et comme un petit garçon vexé parce qu’on ne joue plus avec lui, la chance reviendrait toquer à notre porte avec quelques offrandes (réussite, succès, etc.) pour susciter de nouveau notre intérêt. Je reste sceptique…
Je tenterais bien ma chance à ce jeu du « je t’aime moi non plus », mais je ne vois pas trop comment il faut s’y prendre et encore moins comment chasser ces idées récurrentes de mon imagination qui mouline de suite des histoires et des hypothèses à partir du moindre petit grain à moudre.
Oui, la vie est étrange et notre destin bien capricieux. Je continue à trouver cela troublant. Il ne me reste plus qu’à en faire l’expérience « en vrai », pour voir si cela fonctionne réellement, mais je n’en ai toujours pas trouvé le mode d’emploi. Alors si vous avez des pistes pour me guider vers ce chemin de la sagesse, je veux bien essayer, juste pour voir.
Sister « dubitative et circonspecte »