Hé oui, c’est le printemps, la nature explose de couleurs flamboyantes, de bourgeons dodus, de parfums enivrants et de pollens divers et variés. Perso, je ne suis absolument pas sensible à ce que certains jugent comme la onzième plaie d’Égypte ou le treizième travail d’Hercule, nan, j’aime le printemps et ce genre de manifestation asthmatique ne me cause aucun trouble. En revanche, ce qu’on oublie de signaler, ce qui pour moi bouleverse mon quotidien et m’oblige à un investissement conséquent en mouchoirs en papier et autre duo aspirine / vitamine C, ce dommage collatéral qui me pourrit la vie chaque année, c’est : la clim’ !
Oui, dès que l’équation terrible se présente : premiers rayons de soleil + température dépassant 21 degrés, alors immanquablement, les intégristes du ventilo reprennent leur bâton de pèlerin et appuient fébrilement sur le « bouton maudit » !
Ce matin, je me pointe au boulot tranquille, la gueule enfarinée, il fait beau, c’est calme, tout roule. Je bosse dans mon coin de l’open space, la moitié du staff est en vacances de Pâques, c’est peinard. Malheureusement, sans crier gare (ni station, ni halte, ni autre), je sens un air glacial me parcourir l’échine. Oh misère ! J’enfile un petit gilet pour pallier à ce coup de froid subit, mais trop tard, j’éternue, une fois, deux fois, trois fois… C’est le signal, j’ai attrapé un rhume, c’est inévitable.
Quelques instants après, j’apprends que la clim’ a été enclenchée par quelqu’un qui ne se dénoncera pas. Sauf que moi, je suis allergique cette ventilation merdique, je hais ces combattants du « degré de trop », ces grands malades de l’uniformisation des saisons par l’usage d’appareillages à la con.
Nan mais c’est quoi ce délire ? Y’a des troupeaux de débiles qui ne peuvent pas supporter d’avoir un rayon de soleil qui leur réchauffe doucement la couenne ? Ces tarés anticipent l’éventualité d’une hausse de la température dans leur espace vital… je suis atterrée.
Le climatiseur, c’est un vrai nid à bactéries. Ce système de refroidissement fonctionne avec de l’eau, qui stagne sagement pendant l’hiver et a tout le temps de croupir et se charger en microbes de tous poils. Une fois qu’on relance la machine aux premières chaleurs, la nébulisation de cette flotte se répand immédiatement dans l’atmosphère et va infecter les voies pulmonaires des plus sensibles, dont je suis, pour ce cas.
Le climatiseur, c’est le mouvement perpétuel de la connerie humaine à portée de main. Parce qu’en plus de nous contaminer les bronches, ça flingue aussi la couche d’ozone. Ca bouffe de l’électricité, alors on consomme plus, faut produire davantage d’énergie et ça engendre de la pollution qui change la météo et relance des tas de gaz à effet de serre qui réchauffent le climat.
La boucle est bouclée, le cercle vicieux est enclenché et on l’a dans l’os !
C'est une pure hérésie qu’il faudrait interdire et ne réserver qu’aux populations vraiment fragiles et sous réserve d'avoir fait la vidange et le contrôle technique de l'engin avant usage.
Le climatiseur, c’est ma bête noire, ma hantise, mon fléau. Tous les ans ça me file une crève qui dure entre 10 jours et 3 semaines. Impossible d’y échapper, alors une fois encore, il faut que je porte ma croix sur l’autel du sacro-saint thermostat constant.
J’te l’foutrais au cul moi l’ventilo d’mes deux !
Voilà, maintenant j’ai l’impression d’avoir le nez qui fuit comme un vieux robinet dont le joint aurait lâché. Le mal de crâne en prime, le pif en choux-fleur et la voix de Donald Duck. J’ai une furieuse envie de me siffler un grog géant, mais pas moyen sinon demain j’aurais en plus les yeux de Borloo et ça, quand même, ça peut faire peur, donc je vais m’abstenir de noircir le tableau.
Si je chope la pétasse - ou le crétin - qui a appuyé sur le bouton « on »…
« Aux quatres coins de Paris qu'on va le retrouver, éparpillé par petits bouts, façon puzzle. Moi quand on m’en fait trop j’correctionne plus, j’dynamite… j’disperse… et j’ventile… »
Sister « Aaaaaaaaatchouuuuum ! »