Et vlan ! Prends ça dans ta face, toi pauvre petite naïve ridicule qui ose encore penser que le monde n’est pas si moche et les gens pas si pourris. Oui, tu l’as bien mérité, c’est bien fait pour ta gueule, on t’avait pourtant dit de te méfier, d’arrêter de vouloir saisir une part de bonheur qu’on te tend, c’est juste un piège, un de plus. Toujours cet éternel miroir aux alouettes.
Mais tout était là, les ingrédients parfaits, une entente impeccable sur tous les plans, une osmose comme jamais, un truc tellement rare qu’on se pince pour y croire. Ça semble tellement réel, tellement possible… Au début, je me suis méfiée, en me disant que c’était trop beau pour être honnête, qu’il ne fallait pas se monter le bourrichon. Puis, la confiance aidant, la relation s’installant, j’ai peu à peu fait tomber l’armure… Au fond de moi, je voulais y croire aussi, me dire que s’il n’y a rien de sûr, il y a déjà un peut-être… Foutaises !!! Ah tu as laissé transparaître un peu de ta fragilité, petite blonde insignifiante dans ce monde de brutes, paf ! Tu l’as bien mérité, on ne baisse pas la garde, jamais ! Tu le savais, ça fait des années que tu dégustes, que tu te protèges, que tu crois te préserver des mauvaises rencontres, mais le diable est perfide et a pris une apparence angélique pour mieux te croquer.
Tu avais accordé ta confiance, ce sentiment qui se distille encore plus parcimonieusement que des « je t’aime » et te voilà qui dégringole.
Chacune de nos rencontres était comme un élan vers le firmament de la complicité. Sa simple proximité m’apportait une paix intérieure et un bien-être incroyable. Je volais vers lui avec la légèreté d’une promesse de sérénité parfaite, d’un pas plein d’allégresse et empli de joie. J’aurais pu abattre des montagnes pour « avoir ma dose ». C’était tellement génial, incomparable, puissant !
Quand on atteint le 7e ciel, on n’a qu’une envie, recommencer, s’étourdir de bonheur, planer et devenir une sorte de pur esprit gorgé d’une plénitude rare.
Aucun nuage à l’horizon, rien qui ne puisse venir mettre d’ombre au tableau. Juste un manque de temps pour s’apprivoiser totalement, pour oser franchir la terrible barrière du quotidien, car on sait bien qu’il s’agit d’un poison qui ronge les sentiments et les pulsions aussi sûrement que les embruns salés arrivent à grignoter le métal le plus dur.
Rien en vue, temps clair, mer calme. Le temps est suspendu, il n’altère rien, on reprend à chaque fois là où on avait arrêté et, comme un planeur profite des courants ascendants, la qualité de notre relation grimpe d’un cran à chaque rencontre. Comment imaginer quoi que ce soit de négatif quand tous les voyants sont au vert ? C’était inutile, stupide même. Pas la peine de se pourrir la vie avec des hypothèses de nuage noir ou de gros temps quand tout s’annonce sous les meilleurs auspices.
Et j’entends déjà la voix off : « Mais tu vas la fermer ta g… !!! Tu ressasses encore des relents de vie idyllique alors que tu viens de te faire jeter comme une merde ! Tu es totalement maso ! »
Oui, j’ai l’impression d’avoir sauté en parachute avec lui, tout planait tranquillement, c’était agréable, super grisant, la grande classe et là, sans raison apparente, sans motif, sans autre forme de procès, il a coupé toutes les suspentes d’un coup net sur le Net. Je me suis vue m’écraser lourdement, sans un mot, sans explication. Aspirée par ce trou d’air, j’en ai le souffle coupé, je suis au fond du gouffre, bonne à ramasser à la petite cuillère, hors service, foutue. Moral en miette, j’ai l’impression que tout s’est encore écroulé autour de moi, j’avance comme un zombie au milieu de ma vie. Le choc vient de se produire alors j’écris pour tenter d’exorciser. Espérant que les mots vont me donner une explication à défaut d’une solution. C’est désespérant, car rien ne vient d’autre qu’une nostalgie sourde d’un passé si récent et trop présent désormais. Tel un boxeur, je suis sonnée, sur le flanc, déconnectée.
« The story of my life ». Toujours la même histoire, je me fais des films, je veux y croire, je baisse ma garde et bing ! Un gros uppercut dans ma tronche. KO debout.
Maintenant, je finis par comprendre les gens qui choisissent de « fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve ». Oui, après tout, on ne risque pas de se brûler tant qu’on ne s’approche pas de la flamme. Sauf que moi j’ai besoin d’être réchauffée, d’y croire, de partager autre chose que des banalités quotidiennes. J’ai l’impression d’être dans un semi-coma, de gâcher ma vie en perdant ces instants précieux qui ne se représenteront plus.
Hasard ou coïncidence, j’ai eu besoin d’écouter Air « Pocket Symphony » pour écrire ces quelques lignes. Et en constatant que oui, j’avais besoin d’Air et d’air. J’ai l’impression d’étouffer sous mes pensées qui se bousculent, je me sens assaillie d’idées sombres, de sentiments de trahison, d’une forme de culpabilité ridicule envers moi-même, un besoin de fuir ça et tout le reste. L’horreur d’avoir voulu y croire, encore. Mais je suis à terre, plus bas que terre en fait, en dessous de tout, détruite.
Je suis un ectoplasme. Dégoûtée, écoeurée, vidée.
La vie est cruelle, elle n’épargne pas les fragiles.
Plus la drogue est forte, plus le manque est douloureux, plus on morfle.
Sister « very very bad trip »