Le énième salon de l’agriculture vient de fermer ses portes, ranger ses ruminants, planquer les hôtesses plantes vertes, enrouler la moquette bouseuse et fait place nette avant que ne commence le « Paris Country Show – Le salon de la chasse » où comment apprendre à buter de sang-froid les bestiaux que l’on a admiré l’instant d’avant au même endroit. Étrange enchaînement d’évènements...
Je n’y ai pas traîné mes guêtres* cette année, dommage, car j’aurais pu y entrer gratuitement ! Mais oui, vous ne rêvez pas, gratos, pas un kopeck, juste des nèfles. Enfin un geste pour mon pouvoir d’achat. D’un coup, je me ravise. Serait-ce un coup tordu de la gent masculine agricole pour faire venir à elle les petits enfants petites gisquettes ? Arf, y’a peut-être baleine sous caillou**, étudions le cas d’un peu plus près, euh pas trop quand même, ce souffle tiède là dans ma nuque, j’ai l’impression d’avoir un buffle derrière moi.
Ainsi, le vendredi 29 février, ils ont choisi de mettre la patate à l’honneur avec cette fameuse idée de « la fête de la pomme de terre ».
Voici la modalité qu’il fallait respecter pour accéder au sésame :
Gratuité de l’entrée UNIQUEMENT pour toute visiteuse justifiant en premier prénom usuel, d'un prénom correspondant à l’une des variétés françaises de pommes de terre parmi les variétés figurant sur la liste cliquable ici.
Ainsi, vous en saurez davantage sur ma pomme, puisque mon vrai prénom figure parmi les fameuses appellations féminines agréées.
Toutefois, je me questionne. Sachant que la Belle de Fontenay est aussi une variété de patate, j’estime que la présidente du comité Miss France aurait eu sa place au milieu des tubercules chers à Parmentier. Sauf qu'à bien y regarder, derrière la célèbre dame à chapeau se cache un pseudonyme car elle s’appelle en fait Madame Geneviève Poirot. Bah, vous me direz que ce n’est pas la peine d’en faire tout un plat (ou une soupe) les histoires de "poireau pomme de terre", ça n’intéresse pas grand monde. Oui, vous avez raison, toutes ces salades ne mènent pas bien loin et mes considérations potagères sont plutôt faiblardes. Tant pis, j’ai loupé la foire 2008, j’irai peut-être à la suivante, au motif que ma croupe charolaise ne laisse pas indifférent. Surtout avec mes mamelles de Normande. Le compromis idéal. Sauf qu’il faudra que je fasse gaffe à pas croiser le nain égocentrique, ça me ferait mal qu’il vienne me flatter les flancs. Quoique je pourrais ainsi le gratifier d’une bonne ruade, ça serait la réponse idéale à sa propension à traiter ses citoyens de « pauvre con » alors qu'il devrait être un exemple de probité et de maîtrise de soi. Oh, comme cela me plairait de lui botter son arrière-train d’arriviste, de petit coq trop fier !
Allez, je retourne à mes moutons, j’ai d’autres chats à fouetter*** et au fait, je ne sais pas vous, mais entre la maladie de l’oreille bleue des cochons, la grippe aviaire, le bœuf aux hormones, les poissons d'élevages aux farines douteuses, l’E.S.B. et j’en passe, y’a des fois où je me demande si le bonheur n’est pas plutôt dans le pré les légumes… pourvu qu’ils ne soient ni transgéniques, ni bourrés de pesticides ! OK, je vais devoir oublier tout ça, cela me coupe l’appétit. A moins de promouvoir les vrais artisans du goût, il en reste quelques uns. Apprenons à les sauver avant que le rouleau compresseur de l'industrie ne les réduise en poussière. Notre assiette est notre meilleure médecine, réfléchissez-y.
Sister « meuuuuuuh ».
* l’escarpin est proscrit, sauf à vouloir passer pour une cruche au pays des laitières.
** adaptation libre signée Smellycat, de la célèbre expression de l’anguille sous roche.
*** n’en croyez rien, je ne maltraite que mes semblables, pas les animaux innocents.