Étudions aujourd’hui un cas très répandu et à la fois touchant, pathétique, désespéré et plein de courage : l’individu qui cherche sa/son partenaire.
Allez, ne poursuivons pas davantage le suspens, vous risqueriez de retrouver une tête connue dans ces exemples.
1er cas : Vous êtes un looser mais ne le savez pas encore.
Ainsi, cette année vous avez décidé d’aller de l’avant, de prendre les choses en main et mettre fin, ne serait-ce que pour une soirée, à votre pesant célibat.
Première étape, choisir la proie.
Depuis des lustres que vous lorgnez sur la responsable des achats du service administratif de votre boîte, cette fois vous allez vous lâcher. C’est le moment de tenter l’expérience. Cette fête des amoureux sera l’occasion d’approcher le sujet de vos fantasmes. Bon, elle n’a pas l’air très marrante, mais est parfaitement baisable et « faute de grive, on mange des merles » vous dites-vous. A l’attaque, vous lui avez proposé un dîner romantique et elle a accepté. Bingo !
Depuis plusieurs jours, vous errez comme une âme en peine dans le rayon lingerie fine d’un grand magasin et passez donc involontairement pour un gros pervers qui guette en douce ce qui plaît aux clientes pour ne pas se louper dans son choix. Erreur.
Finalement, vous optez pour la bonne attitude et osez aborder une vendeuse.
« Bonjour madame, je cherche un modèle assez sexy, c’est pour offrir »
« Oui bien sûr, elle fait quelle taille de bonnet ? »
« Euh non, ce n’est pas un équipement de ski qu’il me faut, ce sont des sous-vêtements féminins »
« Hum, je vois, c’est le volume de la poitrine dont je parle, vous pouvez l’estimer ? »
« Bah, comme vous à peu près (dit-il en approchant ses mains ouvertes vers les attributs de la vendeuse qui lui fait de suite les gros yeux en reculant de deux pas), c’est important ça ? Elle porte plutôt des cols roulés alors j’en sais rien »
Résultat, vous ressortez de là avec une guêpière de dentelle rouge et satin noir avec string assorti, le tout pour seulement 295 € mais oui c’est une affaire, vive les soldes ! Hé oui, messieurs, ça se mérite la bagatelle.
Le soir venu, entre
Bon, va falloir penser à retrouver le ticket de caisse pour le remboursement et surtout à vous faire tout petit le lendemain dans l’entreprise. Essayer de frôler les murs, de ne plus trop vadrouiller du côté de la machine à café ou ailleurs. Arf, dites-vous que l’année prochaine, vous trouverez un autre stratagème super ingénieux et que vous tiendrez votre revanche. Tenez bon, plus que 364 jours à vous la coller sur l’oreille.
2e cas : De la loose, encore de la loose.
Mademoiselle, vous avez emménagé dans un minuscule appartement parisien et n’avez pas manqué de remarquer que votre fringant voisin faisait sécher ses vêtements sur le palier. Ah ! C’est tellement exigu dans ces logements, autant squatter cette place disponible.
Hum, mignons ces petits boxer shorts, moulants à souhait, très affriolants…
La Saint-Valentin, c’est le moment idéal pour tenter le coup et donc oser la prise de contact plutôt que le classique « bonjour, bonsoir » quotidien.
Il est craquant et comme vous n’avez pas trouvé la moindre trace de string ou autre sape de fille, c’est qu’il n’y a pas de présence féminine à l’horizon, faut foncer !
Armée de votre courage, de votre libido au taquet et de votre gueule enfarinée, vous êtes décidée à franchir le cap et allez toquer à sa porte.
Un jeune mec vous ouvre, mais ce n’est pas lui. Tiens ?!?!
« Euh, bonjour, c’est à vous les vêtements là ? »
« Non, attendez un instant… Jean-Charles ! Viens par là mon chou, tu vois, je t’avais bien dit que ton étendoir gênerait la demoiselle, allez mon lapin, faut l’enlever de là ».
OK, vous n’avez plus qu’à dire merci et retourner gentiment chez vous feuilleter S’toys magazine en sanglotant sur votre nounours. Oh, les hommes sont vraiment trop cruels, c’est pas juste !
Ah bordel, mais pourquoi les gays sont-ils si mignons et bien gaulés ? C’est dégueulasse, c’est du gâchis d’avoir un corps de dieu grec et de ne pas en faire profiter les copines, nan vraiment, c’est pas chic ça les mecs. Nous faire baver comme ça pour nous laisser ainsi sur notre faim. Quel égoïsme !
Bon, il reste toujours le petit dodu du rez-de-chaussée qui vous fait du gringue depuis qu’il vous a aperçu déballer vos cartons pleins d’accessoires rigolos.
3e cas : vous êtes un opportuniste. Ce n’est pas grave, ça se soigne très bien.
Vous aviez décidé de boycotter cette fichue journée en restant seul tranquille chez vous, manque de bol votre frigo est vide et avez furieusement envie de manger chinois. Vous foncez chez l’asiat’ d’en bas*. Là, vous remarquez une nana, toute seule à une table alors qu’il y a des couples dans tous les coins. L’air de rien, vous mater en douce, elle ne semble attendre personne. Du coup, plutôt que d’embarquer vos bouchées vapeur dans votre piaule, vous décidez de manger sur place, à deux pas de votre proie potentielle. Si y’a moyen de moyenner, on ne va quand même pas se priver, vous dites-vous en votre for intérieur.
Tant pis, ce soir vous ne battrez pas votre record sur Granturismo, mais c’est pour la bonne cause, vous commenciez à avoir un « pignol’ elbow ».
Aux grands maux, les grands remèdes, vous envisagez d’alpaguer la fille esseulée.
Vous avalez vos nems en l’observant discrétos, un sourire par ci, un clin d’œil par là. En plus, le resto est plein de couples qui se bécotent entre deux bouchées de beignets de crevettes, vous avez bon espoir d’arriver placé dans la course. Y’a pas de raison, vous le sentez, la roue tourne, c’est votre soir, oh yeah in the pocket, pensez-vous.
Vous continuez à vous empiffrer de porc laqué, de nouilles sautées et de samossa au poulet en avalant du saké pour faire descendre tout ça et vous donner du courage.
Au bout d’une demi-heure, vous vous lancez et allez aborder la demoiselle. On discute, on papote, ça se passe pas trop mal votre speed dating improvisé. Finalement, elle accepte de vous suivre en boîte pour digérer le repas et faire la fiesta loin de ces gens écœurants.
Manque de bol, vos excès de mets exotiques commencent sérieusement à se faire sentir et vous êtes particulièrement barbouillé, très nauséeux même… Au bout de 10 minutes dans le taxi, vous ne pouvez vous empêcher de vomir sur votre future conquête qui s’enfuit en courant pendant que vous vous faites pourrir par le chauffeur qui réclame une fortune pour les dégâts occasionnés.
Vous êtes dégoûté de la vie et rentrez chez vous, la queue entre les jambes et les chaussures pleines de gerbe. Vous vous en souviendrez longtemps de ce fucking Valentine’s day de merde !
Voilà, j’espère que vous y avez trouvé votre compte, y’aura son pesant de cacahuètes dans le prochain épisode. Soyez sages, préparez vos arrières.
Sister « toujours en solitude ? »
* J'en profite pour souhaiter une bonne année du rat à toute la communauté asiatique.