Reçu par mail : « Confirmation pour les rendez-vous avec les entreprises X, Y et Z pour le 24 février à Avignon, voici les coordonnées des billets de train à retirer au guichet ».
Ok, pour être là-bas à 8h du mat’, il faut que je parte la veille au soir.
Trajet aller en première classe, tranquille, paisible, rien ni personne pour déranger. En clair, le voyage idéal. Ca faisait des lustres que je n’avais pas eu cette chance. C'est cool quand il n'y a plus de place en 2nde, j'ai apprécié le gain de place et de calme. A peine installés, les hommes d'affaires ouvrent leurs ordis hi-tech pour... jouer au solitaire et autres conneries genre Tétris ! Pff, on voit comment les boss s'occupent. Seule une femme paufine une présentation sur Powerpoint.
Mes chefs m’attendent à la gare TGV, on file à l’hôtel Ibis où la chambre est un placard. Oui oui, vraiment, ou un clapier à la rigueur. La tête du lit est collée contre la paroi du couloir de l’étage et coincé entre l’autre mur et la porte. Pas moyen d’en faire le tour. Les toilettes ont gardé les traces de pneus du précédent occupant et le chiffon à poussière n’a pas visité l’étagère de la salle d’eau depuis un bail. La grande classe ! Pour 75 euros la nuit, c’est vraiment de l’arnaque, mais bon, passons.
Je n’ai pas de mal à les convaincre d’aller dans l’un des meilleurs restaurants qu’il m’ait été de goûter. Je leur lance fièrement : « je vous assure, j’ai même mangé chez Ledoyen et c’était largement moins bon et moins fin qu'au restaurant La Tour ! Si vous n’êtes pas de mon avis, c’est moi qui offre le repas. ». Ok, pari tenu, on trottine quelques minutes dans cette vieille ville superbe et là, le festin gastronomique les a totalement convaincu. D’ailleurs, je vous en reparlerai dans un prochain article, il mérite bien que je lui consacre quelques lignes. C’est du talent à l’état pur.
Retour à la piaule, je mate la fin de la redif’ de Dr House (mon héros), une bonne douche et dodo.
Le lendemain matin : toilette, habillage, j’attrape mon sac et direction petit-déj ’. Il est 7h15 et la petite salle (qui est en fait le hall de l'hôtel) est pleine de retraités bruyants qui squattent toutes les tables et une bonne vingtaine d'autres font la queue au buffet. Ouch ! Ils ont deux de tensions les croulants, je vais être à la bourre ! J’ai envie de leur dire : « Hey, j’ai priorité, je viens de faire des centaines de kilomètres pour ce rendez-vous à 8h, laissez-moi passer ! Je bosse moi ! ».
Résignée (je vais pas leur coller des bourre-pif, ça serait pas très cool), je me cale dans le rang. Une vieille - surement proche de l’inanition - vient littéralement se coller contre moi, j’ai horreur de ça et me retourne en lui lançant un regard réprobateur. Le jeune cadre dynamique un peu plus loin derrière lève les yeux au ciel et semble compatir, on est dans la même galère.
Après 25 minutes de patience pour récolter ma bonne pitance, je file un peu plus loin pour éviter leurs discussions passionnantes (Mauricette a ses rhumatismes qui la reprennent, Paulo a mal dormi et il est grognon, Yvette se plaint parce qu’elle n’a pas eu de croissant, Dédé n’a pas trouvé le bouton pour se servir du jus d’orange, Odile demande à René de lui passer un yaourt, nan, pas un bleu, un vert pour le transit). Beurk, fuyons.
J’avale mon thé et mes tartines et file pour cette journée marathon. D’ailleurs ce midi, on avait pris trop de retard avec une réunion qui n’en finissait pas et le resto d’entreprise ne nous a pas accueilli. C'est ça en province, on a pas le droit de manger après 13h, alors on a fini au Mac Do !!! Argh ! Enfer et damnation ! J’ai pas mérité ça ! C’était le seul truc ouvert dans ce secteur industriel et, comparativement aux délices de la veille, là j’ai trouvé ça cruel.
Mon dernier contact du jour semble aussi pressée que moi de me voir partir puisqu’elle commande mon taxi de retour avant même qu’on ait commencé à bosser. Ok, bonne ambiance. Qu’elle se rassure, je ne l’aime pas non plus.
Ah tiens, c’est maintenant que je repars qu’il fait beau, dommage, venir dans le sud pour avoir de la flotte, ça énerve un peu mais le chauffeur est sympa et j’arrive à l’heure pour choper mon train.
Là, autre son de cloche qu’à l’aller, le train est plein et je suis à cette fichue maudite place : dans le carré central, côté couloir. Y’a pas pire ! Pas de place où mettre ses jambes et l’impression qu’on m’observe de partout. Le gros type en face roupille et ronfle, le couple à côté parle boulot non-stop, un mec plus loin est en train de bouffer un bidule qui pue, vraiment la grande classe. Le retour semble bien long… sans compter qu’une fois à Paname, il me faut rejoindre ma banlieue : correspondances, attente, mon sac chargé de dossiers qui me cisaille l’épaule pendant que je crapahute dans les couloirs du métro, monte puis descends les marches de ses tunnels de faïence blanche.
Résultat : pour environ 6 heures de réunion et rendez-vous divers, j’ai fait au moins 12 heures de transports. Pas très rentable tout ça niveau efficacité et bilan carbone. Il serait temps qu’ils se mettent à la visioconférence, ça ferait gagner beaucoup de temps, d’argent et de fatigue inutile. Sauf que ça, c'est pas encore dans les mentalités. Espérons que ça viendra un jour.
Sister « on the road again… again »