Il faut se rendre à l’évidence, pour la grande majorité des Français, la « rentrée » c’est cette semaine. La grande transhumance des Parisiens cramés, à court de fric et encore plus râleurs que d’habitude s’est effectuée ce week-end. Bison Futé l’a dit, le retour des aoûtiens sera rouge, comme toujours. Et surtout comme leur tronche en voyant que le Trésor Public ne les a pas oublié et qu’à défaut d’une carte postale, ils trouveront dans leur boîte aux lettres le tiers provisionnel à payer avant le 15. Ce qui fera le bonheur des organismes de crédit revolving qui voient chaque année gonfler la masse des nouveaux adeptes de la « somme d’argent disponible » qui vous plonge dangereusement dans les mains griffues du taux usuraire et son cortège de surendettement.
Oui, il faut s’y résoudre et dire adieu paréo, tongs et cocktails dans le transat. Bonjour costume, pass Navigo et stress.
En arrivant au boulot, on doit inévitablement passer par l’étape des questions traditionnelles : « t’es allé où ? », « c’était bien les vacances ? », « tu as eu du soleil ? », « y’avait du monde ? », « tu n’as pris trop de coups de soleil ? » et j’en passe. C’est marrant cet irrépressible besoin de remuer le couteau dans la plaie de ceux qui sont trop contents de nous raconter des destinations de rêves et activités idylliques quand on est sagement restés à Meulun, chez la belle-sœur et ses 4 mouflets ultra remuants. Heureusement, j’évite ce genre de plan foireux. Perso, je suis plutôt sur le mode télégraphique du genre : « Bretagne, mer calme, soleil et belles randos ». En général, ça ne prête pas le flanc à des débats sans fin sur le mode : « Oh oui, la Corse s’est sublime, mais la Sardaigne, c’est moins surfait » ou les réponses du style : « Bof, l’Égypte, moi je m’en fiche, j’y vais pas pour les pyramides, je préfère me faire bronzer en hôtel club devant la piscine », ce que je trouve particulièrement affligeant et pourrait me pousser à des élucubrations sans limites sur la connerie du fait d’aller si loin juste pour se transformer en une grosse tartine grasse qui grille côté pile et côté face pendant des heures. Ah ! Les joies du retour de vacances, c’est tout un poème.
Ce qui est étonnant, c’est de voir le changement d’attitude des gens « avant – après ». Quand ils sont restés « relax à Paname » et ont bossé pendant que les autres avaient les orteils en éventail, on les sent cools. Le phénomène est surtout très marqué sur les 3 premières semaines d’août. On les voit, détendus, souriants, profitants du soleil aux terrasses des cafés. Glandouillant à loisir dans les rues en sortant du boulot, papotant dans les parcs le midi, en pleine « zénitude » et profitants de la life.
Ces mêmes personnes ne vont pas tarder à se transformer radicalement au contact trop massif de leurs congénères. Tel Bruce Banner qui devient Hulk quand on l’énerve ou Dr Jekyll qui part en sucette, ces gens souvent courtois et tranquilles quand ils sont assez isolés, vont redevenir des bêtes sauvages et hargneuses parce que le top départ de la rentrée aura été implicitement donné par le retour trop brutal des estivants.
Du coup, je m’interroge. L’Homme n’est pas fait pour vivre entassé avec ses semblables. La limite de saturation est rapidement atteinte et le climat se dégrade irrémédiablement dès que la densité de population se fait trop forte.
Il faut dire qu’en appliquant un comparatif simple, on voit de façon évidente où le bât blesse.
Août : on peut se garer dans Paris, les cheminots ne sont pas en grève, il n’y a pas de bouchons devant les écoles, le stationnement est partiellement gratuit, il est facile de traverser une rue sans risquer sa peau, la circulation routière est fluide (sauf quand la DDE en profite pour faire des travaux), on n’attend 2h pas dans les Administrations, les gens sont plus aimables, on prend le temps sans courir non-stop comme des débiles, on peut s’asseoir dans les transports en commun, je peux venir bosser en 20 minutes au lieu de 90, etc.
Septembre : c’est la merde, c’est encombré dans tous les coins, y’a des bouchons de folie, des grévistes fleurissent de partout, c’est le bordel, les gens sont agressifs, il pleut, on a des tas de dépenses chiantes à faire, on stress, c’est la course, tout le monde vous gueule dessus, vous bouscule sans raison et j’en passe et des meilleures.
La preuve est bien là, sous nos yeux. Trop de monde les uns sur les autres et c’est la surchauffe, on ne se supporte plus, ça craque de tous côtés, les emmerdes se multiplient, le système explose.
Que pourrait-on faire pour éviter cela ? Bonne question, je me remercie de me l’être moi-même posée personnellement en mon for intérieur et extérieur via mon blog à moi que j’ai. => début de schizophrénie galopante en phase gazeuse. N’appelez pas les secours, mon cas n’intéresse personne, je m’autogère sans soucis et ne suis pas dangereuse pour autrui.
Réponse : je propose de laisser ces fichus parisiens pénibles sur leur lieu de vacances trop d’la balle, loin d’ici, loin de moi et de mon espace vital. Déjà parce que ça leur fait du bien de prendre l’air et surtout, parce que ça me fait un bien fou qu’ils ne viennent pas me pomper le mien !
En plus, tout le monde parle du dépeuplement rural et de la crise du logement francilien, tout ça, tout ça, alors qu’une opération de vases communicants entre régions résoudrait ces deux soucis en faisant d’une pierre deux coups. J’aime.
Oui, bon, c’est peut-être un peu égoïste, mais quand je les entends gloser sur leurs meeeerveilleuses vacances, je me dis qu’ils auraient mieux fait d’y rester puisque c’est si bien ailleurs et si pourri ici. Finalement, ils ne seraient pas un peu masos les Parigots de remonter au bercail comme un saumon dans son ruisseau ? Si l’herbe est plus verte ailleurs, qu’ils y restent. Mais non, faut pas rêver, ils sont revenus, ils sont tous là (ou presque) et le tourbillon infernal de la rentrée va recommencer. Ainsi va la vie, ainsi s’en vont les vacances.
Sister « qui partira encore un peu quand tout le monde sera revenu »