Quand on dit que la réalité dépasse la fiction, ce n’est pas une blague ! Si j’avais voulu le faire exprès, je n’aurais pas pu tant les coïncidences sont importantes et troublantes. A la lecture de ces lignes, vous allez sûrement vous dire que je bluffe, que j’en fais des tonnes ou même que je suis totalement mythomane, pourtant il n’en est rien. Tout est vrai, doré sur tranche.
Voici donc sans plus attendre, la suite haletante des aventures de Sister au pays des beaux gosses.
Midi tapante, échange de mails : « ready to go? », « so, go ! ».
Faux départ, Super Collègue veut passer par les toilettes. Ok, c’est bon, direction réfectoire.
Nous cheminons tranquilou, entre l’usine et l’espace vert, croisons peu de monde, il y a du vent et un soleil timide.
Montée des marches en rigolant. Le collègue escorté par ses deux bodyguards blondes.
Arrivés en haut, quelques pas, puis quart de tour à gauche, derrière le mur sur lequel se trouve un distributeur antimicrobes vers lequel je tends instinctivement la main. Mon bras est encore à l’horizontale lorsque je tombe nez à nez avec « l’objet du désir ». Oui, lui-même, juste là, devant moi, au bout de mes doigts, presque à moi.
Je le regarde avec un air presque aussi ahuri que lundi, éberluée et presque incrédule.
Il me dit spontanément bonjour, je lui rends la pareille en bafouillant, presque aphone et le regard plus admiratif que celui de Bernadette découvrant la Vierge.
Lui, ici, si proche, je ne pouvais en espérer tant.
Je suis totalement transportée en une fraction de seconde et ma collègue s’amuse de mon brusque changement de comportement. C’est plus fort que moi, je ne maîtrise rien en la matière. Je perds pied et viens de plonger dans un univers parallèle où se mêlent mon paradis onirique, la fascination de cette réalité palpable (ah si seulement !) et feu d’artifice de questions, d’hypothèses et de scénarios du plus idyllique au plus noir.
J’ai envie de tout, des ailes semblent m’avoir poussé dans le dos, mais je ne suis plus capable de rien, mon corps est inerte. Transportée par l’euphorie, paralysée par le trac. Enfin, c’est même plus fort que ça, c’est au-delà, vraiment inexplicable en fait.
L’impression que mon esprit est tout entier absorbé par sa présence. Un peu comme un papillon est attiré par la lumière… somebody has to shine for me…
Étant pourtant consciente de cet état de fait, mon comportement est indépendant de ma volonté, j’ai à nouveau perdu le contrôle. L’analogie la plus juste tiendrait à dire que je suis purement et simplement hypnotisée par son regard et son sourire. La vision est si irréelle que j’ai toutes les peines du monde à me persuader que je ne suis pas au cœur d’un de mes fantasmagories mentales.
Mon esprit cartésien a disjoncté jusqu’au dernier neurone et je me sens impuissante, vidée de mes forces physiques alors que mon moral est dopé par une surdose de dopamine, je suis en pleine euphorie. Immédiatement, j’ai perdu tout sens commun et suis passée en pilotage automatique. Seules les fonctions vitales sont assurées, le reste, c’est au petit bonheur la chance sur les réserves restantes. D’ailleurs, ce midi, j’ai pu observer à bonne distance, son profil droit, qu’il a tout aussi charmant que le gauche en fait. Mais j’ai eu bien du mal à avaler quelques bouchées de mon plateau et tout me semblait insipide à l’extrême.
Mode binaire on.
Le palpitant au taquet, le souffle un peu court et le cerveau en roue libre. Je plane.
C’est aussi pour cela que je redoute (tout en la souhaitant) l’épreuve du brisage de la glace, la phase de contact « post bonjour ». Cette perte de contrôle me permettrait-elle de tenir une conversation, même brève ou basique ?
Disons que le sentiment que ça me donne, rappelle la sensation de l’ivresse, l'impression de flottement. Joli flou artistique de mes sens chamboulés.
Pourtant, en étant plus prosaïque, je dirais qu’il est beau (du moins selon mes goûts), certes, mais cela n’explique pas tout, puisque je ressens comme une attirance spirituelle. Le trouble est si intense qu’il me submerge et m’emporte.
On dit que les yeux sont les fenêtres de l’âme, alors je crois que la mienne a plongé dans les siens sans autre forme de procès. J’aime cette douce sensation et même les risques qu’elle comporte, qu’importe, pourvu que ça me transporte.
Dans cette escalade de l’approche et de la rencontre, je me demande de quoi sera fait demain, si la chute sera brutale ou l’ascension encore plus vertigineuse. Je le souhaite vivement, j’aime les challenges. Son visage est accroché dans ma mémoire aussi sûrement que celui du Christ sur le suaire.
Sister « lost in space »
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