La “faim” justifie les moyens…
Aux grands maux, les grands remèdes…
Et tutti quanti…
Vous l’aurez compris, maintenant que je suis au taquet, il va falloir que je passe au braquet supérieur, que j’aille au front, que je monte au filet, en clair, que je brise la glace avec un peu plus de conviction que par un simple bonjour timide et bafouillant.
C’est le problème avec les meilleures drogues, elles procurent immédiatement un phénomène d’addiction et là, il est clair que je suis déjà bien accro.
Bon, j’hésite à vous raconter la suite parce que vous allez me prendre pour une psychopathe, une fille calculatrice et froide, prête à tout pour en savoir plus, beaucoup plus, une sorte de mante religieuse en somme.
Non, je rassure tout le monde, je ne suis pas une prédatrice, mais curieuse oui, pas d’une façon malsaine, plutôt par défit, comme une manière de découvrir l’autre pas à pas, une sorte de jeu de piste.
Oui, j’assume cette volonté d’aller grappiller quelques informations, mais sans que cela devienne une mise à plat totale et chirurgicale de sa vie, son œuvre, l’avouable et le reste. Juste de quoi satisfaire mon envie de me rapprocher un peu de ce qu’il aime, de son parcours, de son environnement et de qui le rend différent.
Après « Les Experts Las Vegas, Miami, Manhattan », voici en avant-première : « Sister mène l’enquête ».
Si les pros du labo cherchent d’infimes traces sur les scènes de crime, je vous assure qu’on sème tout autant de poussières de notre vie un peu partout et qu’il n’est pas nécessaire d’être détective privé pour reconstituer une partie du puzzle. Il suffit de peu de choses finalement.
J’ai remonté la piste, comme une pelote qu’on déroule et j’ai appris quelques bribes de sa personnalité, peu, juste assez en fait. De quoi apporter de l’eau à mon moulin et à ma bouche. Pas question de lever le voile intégralement, de tout détailler comme si je devais écrire sa biographie, juste de quoi me conforter dans l’idée qu’il mérite vraiment que je m’intéresse encore plus à son cas… mais en vrai, sans avancer masquée, cette fois, que ce soit au grand jour et sans détour.
Il est apparu ce midi, quelques minutes après notre arrivée et je n’étais pas du tout dans la ligne de mire idéale, dommage. En prime, il était divinement vêtu, ah oui vraiment ! D’une élégance à tomber en pâmoison illico !
Un trench court, une chemise de belle facture et un petit gilet de costume qui lui donnait une classe très raffinée. A croquer ! Pourtant je n’ai pu le dévorer des yeux. Cruelle est la vie parfois.
Au fait, je sais maintenant pourquoi il a un physique si parfait à mon goût et des fesses si impeccablement galbées, mais je n’en dirais rien, c’est « private ».
Sauf que le plus dur reste à faire. Attirer son attention, capter son regard, troubler un peu sa quiétude, lui faire comprendre que sa présence agit sur moi d’une façon curieuse et tellement agréable.
Oui, mais comment ? Cette question me taraude, m’obsède, me ronge aussi. Il doit bien exister un moyen subtil et efficace. Je ne veux pas débarquer comme un chien dans un jeu de quilles. Ce serait le plus sûr moyen de le faire fuir.
Provoquer l’évènement, trouver le fait générateur ou oser carrément l’approche frontale. Pas simple, je cogite non stop et les hypothèses qui en ressortent ne me satisfont pas. Il me faut trouver le sésame, le petit plus, allumer l’étincelle qui met le feu aux poudres. Pourvu que ce ne soit pas un pétard mouillé… Ah oui, je suis un peu défaitiste parfois, question de lucidité aussi, soyons raisonnables.
Il doit exister un moyen, je vais m’employer à le trouver. Ah si seulement je pouvais simplement aller vers lui, le regarder droit dans les yeux, prendre sa main et l’emmener. La vie ferait le reste…
Faut que j’arrête de me faire des gros films de mytho surtout, ça me simplifierait l’existence. En attendant, je cogite, j’hypothèse, je carafone, je me turlupine, je triture, j’échafaude, je soupèse, je m’embrouille, je rêve…
Sister « même la musique de sa voix m’enchante »
"On dit que le désir naît de la volonté, c'est le contraire, c'est du désir que naît la volonté. Le désir est fils de l'organisation." (Denis Diderot)
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