Vendredi à 15h30, ma nouvelle chef me demande d’aller voir Big Chief qui m’attend dans son bureau. Immédiatement, je sens que ça pue l’fioul... c’était bien le cas.
Il va droit au but, me dit qu’ils ont trouvé deux erreurs inadmissibles et que cela vient du fait que j’aurais dû vérifier le boulot de quelqu’un qui se trouve à 730 bornes de là et qui – comme par hasard – vient de démissionner. Elle devait bien avoir un truc sur la conscience, mais moi, que puis-je dans l’affaire ? Tant pis, c'est connu, pour tuer son chien on l’accuse de la rage, alors il me parle de perte de confiance et qu’il me paiera ce qu’il me doit, mais que lundi je ne ferai plus partie de leurs effectifs. Des « erreurs » qui datent de février (quand je n’avais pas encore la charge du dossier) et d’avril. Mais les responsables sur place n’ont rien vu non plus, on signé à l’aveugle, sans procédure de contrôle, pourtant, c’est moi qui vais servir de fusible. Formidable, j’adore changer de job tous les quatre matins. :(
Après avoir appris cette réjouissante nouvelle pour laquelle je suis totalement impuissante, je me sens déstabilisée, déçue, trahie. Je suis le fusible alors que pendant mes quelques jours d’absence, ma nouvelle chef a fait une bonne vingtaine d’erreurs d’inattention sur mes dossiers, des trucs bien plus chiants qu’un virement en double. Tant pis, ça ils s’en fichent. Elle leur fait des courbettes alors ils l’aiment bien, moi je bosse dur, mais ma tête est mise à prix.
Une demi-heure après, je sors du bureau et préviens ma collègue par SMS que je l’attends en bas, j’ai besoin de prendre l’air, elle ne sait rien encore de ce qui vient de se passer.
Je suis là, plantée sur mes talons, mon sac sur l’épaule, la tête pleine de doutes, de colère et d’indignation. Je me sens résignée, vidée, trahie.
La porte derrière mois s’ouvre, je me retourne pour voir si c’est elle... et là, qui arrive face à moi ? Mister Ultime Beau Gosse !!! Lui-même, en chair et en sourire éclatant. Le truc qui n’arrive jamais ! Il n’est pas avec une collègue, juste seul, c’est le week-end, il rentre chez lui, mais bien plus tôt que d’habitude. Moi non plus je ne sors jamais à cette heure, le hasard est étonnant parfois.
Mon sang n’a fait qu’un tour, je n’ai plus rien à perdre, c’est ma dernière chance, je l’aborde !
Il arrive à ma hauteur et je l’interpelle, lui explique qui je suis et dans quel service je bosse, que c’est moi le message sur Facebook et surtout que j’espère qu’il ne l’a pas mal pris. Il me répond qu’il n’a pas fait attention plus que ça, qu’il reçoit des spams et qu’il l’a lu en diagonale, il va très peu sur le site. Je lui raconte qu’il m’intimide (d’ailleurs, je bafouille, tremble sur mes jambes, sens mes joues écarlates) et que je suis contente de pouvoir lui parler parce que je n'osais pas. Il me répond qu’il n’a jamais mordu personne et que j’aurais même pu utiliser la messagerie interne pour le contacter. Je lui explique que c’était mon avant-dernier jour ici et que je le trouve très sympathique, il est touché mais ne rebondit pas sur le compliment, sauf à me dire que lui aussi trouve qu’il y a des gens intéressants. Alors pour conclure, je lui lance qu’il pourra me contacter s’il le souhaite, maintenant qu’il sait qui je suis. Je le remercie et lui souhaite un bon week-end. Un instant après, je le vois passer au volant de sa belle décapotable, je soupire, il est irrésistible et adorable, quel dommage...
Ma collègue et son binôme - mes deux seuls acolytes de boulot - se pointent, je leur résume les deux épisodes pas banals que je viens de vivre coup sur coup et ils sont aussi scotchés que moi. La vie réserve des surprises bien étranges.
D’un côté la douche froide d’apprendre que lundi, j’irai chercher mon chèque à la compta et l’instant d’après, l’homme que j’admire qui me parle et reste tout sourire face à ma confession sur l’effet qu’il me fait. Un scénario peu crédible… et pourtant vrai !
Si en plus, je vous ajoute que le soir même, j’avais une soirée tout à fait hors du commun aussi et qu’à l’origine il n’y avait que cet évènement qui occupait mes pensées de la journée, vous vous direz que j’exagère, mais c’est pourtant bien le cas ! Finalement, cette petite fête était la bienvenue pour exorciser les émotions précédentes et j’ai adoré ces heures de pure légèreté dans ce monde si brutal.
Je ne suis pas prête d’oublier ce vendredi 30 juillet 2010. Putain d’journée !
Sister « retour à la case départ »
P.S. : ce soir, je lui ai renvoyé un court message sur FB, avec mon vrai non et mon mail... la balle est désormais à 100% dans son camps.