Vous avez sûrement entendu parler du meilleur job du monde, être payé à tester des plages de rêve et des îles somptueuses, ah oui, ce n’est pas facile tous les jours, comme on dit : « y’a pas de sots métiers ». Bon, maintenant, imaginez l’inverse… Totalement l’inverse !
Comme je disais à une amie, à part vider des poulets dans un abattoir sarthois, je crois qu’il n’y a pas pire job (bon, là j’en rajoute un peu, mais c’est pour faire monter le suspens, je peux hein, c’est mon site d’abord). Allez, je vous dresse un état des lieux de ce truc, pas loin du zéro absolu niveau envie de se lever le matin pour gagner sa croute.
Voici les ingrédients pour bien réussir la pire recette de la vie de bureau.
Prenez évidemment un open space bien chargé en mobilier peu pratique et encombrant, armoires, caissons, mini-cloisons et fenêtres donnant sur un environnement bruyant.
Ajoutez 20 personnes, deux imprimantes, un photocopieur, un fax et plein de téléphones qui sonnent non stop.
Pimentez avec une adjointe de la chef tendue comme un string et si stressée qu’elle part dans des crises de larmes tant la pression est forte. Elle tremble tellement qu’elle a du mal à allumer ses clopes et parait 15 ans de plus que son âge avec ses valises sous les yeux qui trahissent les nuits trop courtes chargées d’angoisse.
Enlevez-lui son équipe, qui n’a pas accepté de « monter à Paris » et l’a lâchement abandonnée à son triste sort dans une panade monumentale (vive les fusions d’entreprises mal préparées).
Collez-lui un bon lot de bras cassés qui se demandent presque ce qu’ils foutent là. Ni formés, ni motivés, ni compétents, ni encadrés.
Complétez par un programme informatique tellement défaillant qu’il faut faire tous les calculs à sa place si on veut avoir un résultat qui ressemble à quelque chose. Sans compter qu’il est truffé de bugs divers et variés, juste pour le fun.
Mélangez avec une autre équipe - à peine plus performante - issue du regroupement mal ficelé de deux entités qui utilisent des méthodes totalement différentes, avec une autre chef qui ne supporte pas trop sa collègue et ne veut rien lâcher sur ses petites habitudes.
Faites en sorte qu’elles se bouffent le nez toute la sainte journée, histoire de plomber un peu plus le climat.
Donnez-leur à traiter près de 400 plaintes de personnes mécontentes sur un sujet ultra-sensible : le fric qu’on leur doit !
N’oubliez pas la cerise sur le gâteau : ouvrir deux hotlines. Une pour les cas super-méga-maxi critiques et un autre pour les urgences moins graves, mais très en retard aussi.
Recouvrez le tout d’une chef qui n’est là que depuis un mois pour chapeauter l'ensemble, mais cherche à se sauver au plus vite tant la situation cramée au 3e degré. C'est Guernica en quelques sortes.
Résultat, vous obtenez une ambiance où la tension nerveuse est si forte que le stress en est palpable. Vous ressentez le mal-être des autres, il s’ajoute au vôtre et tout le monde flippe en cœur dans un local commun surchargé et sans la moindre motivation au bout du chemin. Atmosphère de merde, process inexistants, outils inadaptés, engueulades téléphoniques et j’en passe. Comme ça donne envie tout ça !
Etant rôdée aux situations désespérées, le chasseur de tête avait immédiatement pensé à moi pour cette « mission impossible » et devenir la hotlineuse des situations extrêmes. Bin tiens ! Évidemment ! Oh mais c’est le job de mes rêves ça, aucun doute, quel bonheur, je signe où ?
Bref, je jette l’éponge, faut pas déconner non plus, y’a des limites à ma bonté.
Veni, vidi, vici.
Dernière circonstance aggravante : l’équipe est à 90 % féminine et fashion victim, ça c’est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Seul et unique point positif, histoire de finir sur un élément favorable sympathique, mais pas suffisant, le poste est situé dans l’un des quartiers de Paris que je préfère.
Voilà qui est bien maigre pour gommer tout le reste. Donc ce sera sans moi. Nan mais oh, c’te blague.
Sister « au suivant… ou pas »