Il est parfois des événements dans la vie qui nous apprennent beaucoup sur nous-mêmes, sans que nous les provoquions. Ils viennent à nous et nous apportent un enseignement à la fois profond, juste et déroutant.
Mardi, je me suis salement déboîté l'épaule en évitant à mon collègue de chuter. Accident bête, c'est moi qui ai basculé lourdement et en voulant me rattraper sur mon bras, crac ! Me voilà temporairement handicapée. Ce n'est pas la première fois que je me blesse en voulant aider les autres. C'est mon côté Mère Thérésa. D'ailleurs, je m'étais fracturé le pied en aidant au déménagement de l'entreprise où je travaillais, il y a 6 ans, quasiment jour pour jour.
Ayant dû attendre 2 heures (pour la paperasserie) avant que mon os ne retrouve son emplacement d'origine, la douleur avait eu le temps de s'installer. L'orthopédiste a fait son boulot, mais une gêne était toujours présente, je suis donc allée jeudi chez mon ostéopathe préféré. Un médecin charmant, très efficace, qui parle peu mais dont chaque mot compte.
En fait, il m'a autant soigné par ses gestes (qui ont su calmer mes ligaments endoloris), que par ses explications qui m'ont appris énormément de choses sur cet épisode fâcheux. Je connaissais les lapsus révélateurs et les actes manqués, mais je ne pensais pas en apprendre autant sur moi, grâce à ce que je croyais être un simple accident. Cela peut paraître un peu ésotérique à certains esprits étroits, mais là, tout était très clair, parfaitement ajusté à la réalité. Ce n'était pas de la voyance, juste des réflexions qui font mouche. Je ne savais pas qu'il y avait tant de signification derrière nos gestes et nos petits ou gros bobos. Plus que de la psychologie, c'est surtout un méticuleux travail de déduction.
Petit détail amusant, dans son cabinet, il passe toujours de la musique classique et là, Ô joie, Ô bonheur, c'était justement La Flûte Enchantée de Mozart, l'air de la reine de la nuit qui est un passage grandiose où l'interprête monte dans des aiguës incroyables et que je chante régulièrement sous la douche ou ailleurs avec plus ou moins de réussite, mais qui est d'une puissance tragique énorme. Cet air aussi a fait écho en moi, car elle parle de renier sa fille. Or, là c'est moi-même que je reniais à force de toujours vouloir "faire plaisir".
Sans m'en rendre compte, j'ai exprimé certains malaises, j'ai compris un tas de choses qui étaient sous mes yeux, mais que je ne voulais pas voir, parce que la réalité est souvent dérangeante. Notre corps est une forme d'écosystème où le psychisme interagit en permanence avec notre organisme, même à notre insu. Les maladies psycho-somatiques ne sont pas nouvelles, mais je ne pensais pas qu'il y avait tant de liens entre ce qui nous gêne dans notre vie et la façon dont notre corps "digère" ou rejette l'information.
Hasard ou coïncidence, c'était la Saint-Luc, prénom issu du latin lux (lucis, lucius) qui signifie lumière. Oui, ce jeudi j'ai été largement éclairée sur des tas d'événements qui ne semblaient pas avoir de liens entre eux. Et pourtant !
Il faut parfois toucher le sol (bon, un peu violemment dans mon cas) pour mieux se relever et s'en retrouver grandi. En revanche, je ne dis pas que ces nouvelles connaissances seront évidentes à appréhender, mais c'est comme un diagnostic difficile, ça aide à avancer et à se battre pour devenir plus forte, plus vraie. Donc faire en sorte que ma vie devienne meilleure.
Dernière chose, je croyais être simplement ambidexte et mon ostéo m'a appris que j'étais plutôt une gauchère contrariée. En fait, ce qu'il a bien compris, c'est que j'étais tout autant... contrariée par un gaucher... la boucle est bouclée.
Sister "de chair et d'os"
Chronique 21102012