Ce soir il n’y a que le ronron de mon ordinateur et le cliquetis de mes doigts sur le clavier pour troubler le silence de cette nuit banale. Je répands dans mes oreilles la couleur sonore appropriée au moment : Requiem de Mozart + lueur des bougies + envie de rien d’autre.
Voilà un an et 4 jours que j’ai divorcé.
Voilà un mois et 4 jours que j’ai démissionné.
Cette situation, je l’ai voulu et elle ne me déplait pas. J’assume la solitude, c’est un comme un vieux compagnon de route que je connais et qui ne me fait pas peur. Quoique…
Dans quelle mesure vais-je supporter cet état de fait ? Ai-je les épaules assez solides pour reconstruire sur les cendres encore tièdes des échecs successifs. On dit que ce ne sont que des étapes, qu’il faut continuer, se relever sans cesse, repartir au front sans relâche. Mais les coups restent marqués dans ma mémoire à défaut d’être dans ma chair.
Qu’en est-il de ma chair justement ? Elle ère, sans but, se perd vers quelques autres épidermes de solitudes similaires, assumées elles aussi, mais en fait dans la même errance que la mienne. On fait bonne figure, toujours. On donne le change, il faut bien. Pourtant, au fond, notre existence n’est faite que de compromis, de choix par défaut, pour faire plaisir ou parce qu’on se dit qu’il faut être raisonnable. Qu’est-ce qui nous empêche de nous libérer de ces liens ? Je n’en sais rien. Il y a le fric, bien sûr, moyen de subsistance incontournable, qui nous tient pieds et poings liés puisque tout se monnaye sans cesse.
Je (dé)pense donc je suis.
Foutaises.
Non, on ne peut pas vraiment aller vivre comme ça en ermite dans la montagne, sur un coup de tête. Non, il n’est pas envisageable de tout plaquer pour aller étudier les cloportes d’Asie Centrale, juste parce qu’on aime ça. Non, on doit encore courber l’échine, continuer à avancer. Dans le mur ? Oui, peut-être bien. Mais il paraît que c’est plus raisonnable.
Faire des choix, c’est trop souvent, faire des compromis. Donc, se trahir un peu chaque fois. Dommage.
Je ne sais pas si ça vous fait ça à vous aussi, une montée de larmes, comme ça, sans prévenir. Gros coup de blues qui survient sans crier gare. Parfois dans des moments inopportuns ou dans des lieux inappropriés. C’est irrépressible, ça vous serre la gorge, vous noue l’estomac, vous prend les tripes. Il faut attendre que la tempête de spleen se calme et que s’éloignent les gros nuages noirs au dessus de votre tête.
En ce moment, j’ai un peu l’impression d’avancer en plein désert ou d’avoir face à moi l’immensité glacée de l’Antarctique. Un vide absolu qui pousse à la réflexion, aux remises en question, aux façons d’appréhender l’existence et ses embûches. Celles du passés et celles à venir.
Very bad mood, but I still walking. I must to.
Ça passera, il le faut bien, ça finit toujours par passer. Petite gorgée d’amertume et de ressentiments mêlés, de questionnements emprunts de doutes. Puis la vie reprend son cours.
Sister « tourner la page, ne pas revenir en arrière, écrire l’histoire, avancer ».