Il ne fait pas bon être un pèlerin ces derniers temps. Surtout un pèlerin voyageur (ne pas y voir d’allusion aux pigeons ou aux faucons du même nom).
A croire que le Créateur a peur de se retrouver tout seul pendant la saison estivale et rappelle à lui ses prêcheurs pour leur éviter de se transformer en pêcheurs avec les beaux jours. Qu’on aille taquiner le gardon dans un étang ou les petites moules à St-Trop’, mieux vaut rester chez soi et ne pas s’éloigner de son autel préféré, plutôt que d’aller tester des hôtels de seconde zone. Enfin, à condition que l’on habite pas trop près de l’église car si le clocher vous tombe dessus pour cause de fortes intempéries, vous êtes bon, vous aussi, pour aller claquer la bise à Saint-Pierre.
D’ailleurs, il n’y a pas qu’en « mode villégiature » que le catholique est en danger. S’il a le malheur de trop s’adonner au culte, il y a fort à parier qu’il va se retrouver sur les genoux, mais pas pour la prière cette fois, ce sera d’épuisement. J’en tiens pour preuve une collègue qui faisait les trois huit pour concilier sa foi, sa famille et son job. Debout 6h, on se prépare, hop la messe de 7h et distribution de collation aux croyants, puis on va s’engluer dans les bouchons avec des milliers d’autres, on enquille une journée de boulot de 10h à donf’ (en grignotant une barre de céréales sur un coin de bureau) avec une grosse dose de stress, puis on reprend la voiture pour aller chercher les enfants et rebelote la messe du soir, du coup on invite le prêtre à dîner, on le raccompagne, il est tard, il faut dormir un peu avant de recommencer le lendemain. Un rythme de folie ! Résultat, bien qu’étant jeune et en bonne santé, son corps a dit stop et elle est tombée comme une mouche (« like a fly on the windscreen », dirons les fans de DM). Repos forcé, cure de sommeil, arrêt total.
Je ne voudrais pas dire, mais son boss spirituel a peut-être un peu abusé de son dévouement… En entreprise, on soupçonnerait du harcèlement moral, mais bon, il paraît qu’elle était consentante et que la foi soulève des montagnes. Mais j'incite à répartir le poids sur plusieurs paires d'épaule. J’ai tendance à penser qu’il vaut mieux des ouailles moins impliquées mais toujours présentes plutôt qu’une ferveur qui vous met sur le flanc à force de dévotion.
Perso, je serais une adepte de Jésus et ses sbires, je n’en mènerai pas large en ce moment. Un voyage à St-Jacques ? Paf, le train qui va dans le mur. Un déplacement en car ? Pouf, tout le monde dans le ravin. J’ai dans l’idée que les participants des JMJ doivent un peu flipper au moment de monter dans l’avion qui les ramène du Brésil…
Sister "toujours pas en odeur de sainteté"