Je suis étourdie parfois et aime une certaine forme d’oisiveté qui laisse à mon esprit le temps de s'échapper, d’aller explorer des pistes nouvelles, de digérer un fait vécu ou de mieux comprendre des situations ou des gens. En clair, faire entrer un peu d’oxygène dans mon crâne pour que l’imagination fasse le reste et que les pensées s’évadent et finalement se plongent aussi vers une certaine forme d’introspection.
Cela peut me prendre à tout moment lorsque je n’ai pas à me concentrer sur une tâche. Dans le train, si je relève le nez de mon bouquin parce que je viens d’y lire quelque chose qui me porte un peu plus loin ou parfois se calque sur la réalité et offre un autre champ des possibles. Dans une file d’attente, je regarde les gens et essaye de deviner ce qu’ils sont ou quel est leur caractère.
Il faut savoir se garder cette respiration. Et pour cela, à chacun sa méthode. Certains chaussent les Pataugas et vont crapahuter dans la montagne, d’autres filent à la pêche, parfois c’est tout simplement en se posant dans un parc. En clair, il faut régulièrement laisser s’envoler les idées pour qu’elles nous reviennent plus riches.
J’avais lu une fois, de la part d’un grand patron d’industrie, qu’il avait trouvé dans la pratique du golf, non pas le moyen de se faire un carnet d’adresses, mais surtout de prendre l’air et du recul sur son travail pour trouver les bonnes solutions aux problèmes divers et variés. Il s’accordait donc 10% de son temps de travail sans rendez-vous, ni tâche précise, afin de faire part à toute éventualité en cas de rush dans son planning, mais surtout pour s’offrir cet espace de liberté qui le rendait plus productif et plus efficace qu’en gardant le nez dans le guidon sans arrêt.
À force de rencontrer différents profils d’entrepreneurs, je constate qu’ils n’ont pas cette sagesse et foncent à 100 à l’heure pour essayer de tout gérer. Résultat, ils s’épuisent et finissent par se laisser déborder en culpabilisant à mort, se flagellant moralement à se dire qu’ils n’y arrivent pas parce qu’ils sont mauvais, trop lents ou pas assez performants. Quel dommage ! Ils sont juste mal conseillés.
Beaucoup d’inventions sont purement le fruit du hasard dit-on, mais j’ai remarqué que les « créatifs » sont souvent présents dans des activités très éloignées de leur domaine de prédilection, juste pour s’imprégner d’autres cultures, d’autres influences, d’autres sources de travail que leur œuvre. Qu’ils soient architectes, designers, chefs étoilés, couturiers, écrivains ou peintres, ils sont nombreux à capter l’air du temps, observer leur quotidien et surtout aller voir plus loin ce qui se cache encore aujourd’hui, mais pourrait les inspirer demain.
Être curieux de la vie me semble aussi essentiel que respirer. Oui, c’est juste cela : la respiration de l’esprit. Une sorte de porte ouverte qui peut nous aider à comprendre ou à enrichir nos idées. Tout comme la nuit notre cerveau consolide, analyse et enregistre les informations de la journée. Penser à autre chose nous aide à mieux nous retrouver. J’aime laisser mon esprit vagabonder, il en sort toujours quelque chose et ça fait un bien fou.
Sister « en tête à tête avec moi-même »
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