Les enfants, asseyez-vous sagement en rond, oui comme ça, parfait. Tata Sister (ça fait travelo cette appellation, mais gardons-la, pour la crédibilité du récit) va vous raconter une histoire terriiiiiiiible, avec des tas de personnages louches, des rebondissements de folie, un suspens à vous couper le souffle et évidement, du sang, de la chique et du mollard, sinon à quoi bon.
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Les passages les plus trashs ont été gardés au montage et les images de cet article n’ont pas été floutées pour rendre tout le réalisme du drame qui s’est déroulé et dont j’entends bien vous faire la narration avec moult détails crousti-fondants (avec des morceaux de trucs vachement bizarres dedans).
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Once upon a time…(1) (oui, j’aime définitivement cette formule, elle nous plonge de suite dans l’ambiance), un samedi matin au réveil (si si, ça a son importance), sur le coup des 13 heures et des brouettes, alors que je m’apprêtais à boulotter mon sacro-saint croissant du week-end, je vais chercher dans le placard dévolu au stockage des denrées non périssables à court terme (nan, cette description n’a aucun intérêt, ne cherchez pas la p’tite bête, je fais ce que je peux pour vous conditionner à la terreur qui vous attend) le fameux, l’incontournable, l’inimitable Nutella (2).
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Hum, il paraît bien léger… (le suspens s’installe), je sens une gouttelette de sueur perler sur ma tempe, une bouffée d’angoisse étreint mon 95D, je le décalotte fébrilement puisque comme chacun sait, dixit Zézette (épouse X ou veuve Y) : « chaque pot a son couvercle ». Il ne bronche pas le bougre, ah je sens qu’il me prépare un coup en vache, je tremble.
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Enfer et saperlipopette ! (damnation étant utilisée plus loin, je ne pouvais décemment la reprendre ici, y'aurait eu redondance et ça, ce n’est pas mon rayon).
Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vide ennemi ! N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Désespérément à fond de cale. Misère !
Adieu la promise gourmandise, oublié l’instant savoureux, aux calendes grecques (ou turques, ou autres, je ne suis pas sectaire) le festin de Babette Sister.
Damned, je suis chocolat !
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Le bocal ovoïde reste tragiquement muet à mes appels de détresse, il me regarde avec sa bouche béante face à la mienne affamée, qui hésite entre pousser le cri primaire de la bête qui souffre ou celui du banlieusard qui vient de louper son dernier train un jour de grève de taxis.
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God bless America save the Queen please help me, I’m a poor lonesome cowboy sinner and I don’t believe in you but I feel this deepest pain in my stomac. (3)
Oui, quand je suis au bord du gouffre ou au bout du rouleau, je parle anglais, ce qui en dit long sur l’état de désespoir dans lequel je me trouve, sur ma décrépitude mentale et physique à ce moment crucial. Ma souffrance est intense, ma douleur est lourde, mon organisme sent que la fin est proche, il faut mettre en marche le mécanisme de survie.
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Si la nouvelle venait à se répandre, je serais immédiatement la risée de tout le quartier, voir de la planète entière ou même au-delà si les frères Bogdanov venaient à ébruiter l’affreuse nouvelle chez nos voisins de derrière les fagots la voie lactée. Tiens, je les salue au passage (des fois qu’ils se promènent dans notre monde virtuel) tel un Drucker bien dressé, toujours dans le sens du poil.
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Il me faut un plan d’attaque, une ruse de Sioux, une bouée de sauvetage un itinéraire bis vers la version pleine de ce que je contemple tristement.
Bon, j’appelle un ami, puisque je ne puis point switcher la question. Arf, nan surtout pas, me ravisais-je. Ce serait le plus sûr moyen de me faire chambrer comme jamais. Autant je peux évoquer des pulsions que d’autres taisent, mais là, il n’est pas envisageable d’avouer pareille bourde, il va me rire au nez et aura raison de le faire. Une maison bien tenue et dont on peut louer les mérites de la maîtresse de l’endroit (qui rêve peut-être d’être à l’envers) ne saurait se déparer de l’obligatoire pâte à tartiner.
Shame on me.
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Oui, mesdames et messieurs, les enfants parfaitement bilingues franco-breton-anglais, les chiens remuant la queue et les mémés en déambulateur, oui, je dois bien vous l’avouer, je me sens seule au monde.
Un malheur n’arrivant jamais seul, il me fallut donc envisager la pire solution qui me restait : aller au supermarché.
Attention, petit rappel des faits, nous sommes un samedi, et le deuxième samedi des soldes pour être exacte. Ainsi, j’ai roulé au cul à cul entre d’autres débiles (mais consentants eux) qui se rendaient au même endroit que moi pour y faire la même chose. Panique pour dénicher une place. Un monde de fou partout ! Des familles à deux de tension, des caddies en veux-tu en voilà, des vieux, des gosses, des nases, des nanas qui fouinaient dans les bacs de fringues, pas moyen d’avancer, pas possible de les éviter, ils ont tout envahis. C’est un calvaire sur terre. Moi qui prends un soin tout particulier à ne fréquenter ce lieu que le mardi soir ou le vendredi soir entre 19h15 et 21h (et pas plus d'une fois par mois), avec les célibataires speedés qui ne remplissent qu’un simple panier (yahourts, bières, jambon en sous plastique, pâtes, sauce bolognaise en pot, capotes => pour les plus optimistes qui espèrent conclure prochainement), là je suis face à des chariots chargés à gueule, des caisses qui débordent, des files d’attente interminables (tiens ? dans ce mot y’a « minable », c’est bien un signe). J'avais tous envie de les tuer, ils ne savent pas qu'ils ont échappé à une véritable boucherie, je n'en pouvais plus.
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Je vais faire une crise de tachycardie, une syncope ou autre manifestation violente du malaise qui m’envahit face à cette marée humaine de moutons de Panurge. Il faut que je sorte de là, vite !
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Au bout de 2 heures de calvaire insoutenable, je le tiens mon saint Graal. Tout fièrement dressé dans ma main, il est là, plein d’amour choco-noisette à étaler.
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I’m the queen of the Leclerc! I’m a survivor!
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Bon, tout ça pour ça me direz-vous ? Là, je vous trouve désobligeant, car c’est méga important puisque ce samedi 2 février 2008, c’est la Chandeleur et je vais pouvoir déguster mon péché de gourmandise avec les crêpes que je vais me cuisiner toute seule comme une grande. Hum, comment je vais la savourer ma victoire, j’vous raconte même pas ! Ah bah si, finalement je viens de vous la raconter. Hé, je suis incorrigible.
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Vous pouvez disposer maintenant, faut pas rester là, et pensez à remettre les gosses dans le placard en partant. Il ne leur restera pas de miette, c’est pour ça aussi que c’est magique les crêpes, il n’en reste jamais. Contrairement au gratin de courgettes. Allez savoir pourquoi.
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Sister « qui s’en lèche les doigts »
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(1) Pour les moins anglophones d’entre vous, l’histoire s’arrête là, bah ouaip, c’est dommage, mais fallait pas sécher les cours au collège. N’oubliez pas de fermer la porte en sortant. Merci, z’êtes bien urbains.
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(2) Que ceux qui l’ont planqué dans le frigo aillent rejoindre les zenglish students en rattrapage, ils ne sont pas dignes de lire le reste de mon œuvre du jour. Bande d’hérétiques, on devrait vous pendre haut et court pour cet outrage au produit de nos damnations gastronomiques. <= voyez, il est ici le "damnation", je ne vous avais pas menti.
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(3) Là, une autre salve de lecteurs est contrainte de nous quitter, sorry les gars, n’oubliez pas vos manteaux, fait pas chaud dehors.
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(4) Ne cherchez pas la note (4), j’avais la flemme de l’écrire, elle est restée dans mon carnet. Peut-être qu’elle y fait la sieste..
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La dernière photo est issue d'un site où il y en a plein d'autres moches aussi. C'est à voir (cliquez on the cliché). Il paraît que ces bidules viennent du musée du parasite, au Japon. Ils sont forts ces nippons !
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