Aujourd’hui, j’ai fait pipi dans l’gobelet.
R.A.S. : on s’en serait douté, je suis un modèle de vertu… enfin presque.
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Hé oui, y’avait visite médicale annuelle au menu. Alors je me suis pliée à la règle, même si cela n’est pas plus utile que de pisser dans un violon ou de peigner la girafe.
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« Bonjour. Asseyez-vous. Y a-t-il eu des changements ? Un événement à signaler ? Un problème ? »
« Oui, une fracture du 2e métatarsien (là elle a eu une moue dubitative, comme si elle découvrait ce mot sortant de ma bouche), 3 semaines d’arrêt, un avertissement à l’arrivée »
« Ah bon, à cause de votre absence ? »
« En effet, ça fait partie du processus de déstabilisation, on m’a ainsi mis la pression pour me faire sentir que dans ce genre d’entreprise, on ne doit pas tomber pas malade, c’est réprimandable »
=> Aucune réaction de sa part, elle est plus préoccupée à chercher son stylo et n’a probablement rien écouté de ma diatribe.
« Ah d’accord, passez à côté dans les toilettes et poser le gobelet sur la tablette quand vous aurez fini »
=> Là c’est l’exercice périlleux quand on est une fille, faut arriver à positionner le verre en plastique et à le remplir partiellement sans s’en foutre plein les doigts. Mission réussie.
« Vous pouvez aller voir ma collègue, au bout du couloir, au revoir »
=> Super, vachement productif comme échange.
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« Bonjour, montez sur la balance »
« Et flûte, plus 3 kg ! Ça, c’est encore ce fichu stress qui me pourrit la vie ! »
=> remarquez qu’on vous pèse habillé et avec le petit-déj dans le bide, c’est vachement logique. Bref, j’ai « dodufié », une sale nouvelle pour commencer la journée.
« Vous fumez ? » Non.
« Vous buvez de l’alcool ? » Non, enfin très rarement.
« Vous faites du sport ? » Oui, je viens de subir 6 et 8 jours de grève, c’est un sport et sinon quand il y a des trains, je cours derrière pour essayer de les attraper au vol.
« Vous mangez bien ? » Bah, oui.
=> ça me paraît assez flagrant puisqu’on a rarement vu des anorexiques prendre des kilos. En plus je suis quasiment docteur ès gastronomie et j’ai fait du lard (cf. plus haut), y’a donc pas trop à se poser la question de savoir si j’ai de l’appétit… Je ne vais pas me laisser mourir non plus, j’ai déjà pas le moral, qu’est-ce qui va me rester ?
« Vous dormez bien ? » Non, nettement moins depuis mon lynchage professionnel.
« Et vous prenez des somnifères ? » Sûrement pas ! Ça me donne des hallu’ de folie !
« Allongez-vous. Ah 14-9, vous faites un peu de tension »
=> Sans blague ?! Je lui dis que j’angoisse un peu mais il faudrait que je soi zen et que mon palpitant soit tranquille Émile. N’importe quoi. Ca fait 10 minutes que je tente de lui signaler que je stresse au boulot.
« Votre dernier frottis remonte à quand ? »
=> Ouh punaise ! Je n’en ai pas la moindre idée, ça fait des plombes que je n’ai pas mis les pieds chez le gynéco, bon, il faut réagir vite, opération pipeau flûtiau, je lui monte un char : « Euh, en 2005 ? »
« Voilà, c’est bien, la visite est finie. Et vous savez pour votre poids, il faudrait essayer Weight Watchers, ils peuvent vous aider »
=> Ouais, c’est ça, j’en parlerai à mon ch’val, compte dessus et boit de l’eau ma pauvre. Et pourquoi pas contacter Delarue aussi tant qu’on y est ?! Je vais reprendre le vélo et il n’y paraîtra plus.
« Bon, à l’année prochaine » OK, bonne journée.
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Bilan :
- je ne sais pas ce qu’ils ont cherché dans mes urines
- ils ne vérifient rien de mes affirmations
- ils n’écoutent pas mes appels à la vigilance sur les conditions de travail.
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Si je bossais dans un milieu pollué d’amiante et de miasmes, ils ne l’auraient pas détecté. Si j’étais suicidaire, ils ne l’auraient pas décelé. Si ma blessure avait été le fait de maltraitances, ils seraient passés à côté.
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Je doute de l’efficacité de ce système, pour un cas repéré, combien de milliers d’autres passent dans les mailles du filet. La médecine du travail est un univers étrange où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, il suffit de l’affirmer à la dame, elle vous croit sur paroles.
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Bonne au service pour rempiler vers une année de faux-semblants et de petits meurtres entre collègues.
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Arrivée 8h40 - Sortie 9h10 - Apte.
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Sister « dormez braves gens »
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P.S. : Plus tard dans la journée, j’ai appris que je n’aurai pas la moindre revalorisation de salaire pour 2008, pas même l’alignement sur le coût de la vie ou sur l’inflation officielle. On dit merci qui ? Merci la garce envieuse et fayotte accomplie qui m’a donné le fameux coup de couteau dans le dos à quelques jours de l’entretien annuel. Bienvenue chez Calomnies et Cie, ici on aura votre peau si vous n’entrez pas dans le moule. Bah non, qu’ils aillent se gratter, je ne fléchirai pas.
Une bonne journée bien naze qui annonce une non moins bonne année bien pourrie en perspective ! Alléluia !