Vous savez que la mairie de Paris fait tout pour vous simplifier la vie. Elle a même échangé des milliers de Vélib' "écolo" contre des dizaines de milliers de panneaux d'affichage automatiques dont chacun consomme autant d'électricité qu'un couple parisien. Oui, cherchez l'erreur, JC Decaux n'est pas un philanthrope mais bien un homme d'affaires pour ceux qui en douteraient encore.
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Ainsi, puisque les agents SNCF (Service Nul Complètement Foireux) et RATP (Rentre Avec Tes Pieds), ont décidé de nous faire chier la vie, les gens qui vivent ou travaillent sur la capitale n'ont d'autre choix que de mettre de bonnes godasses et d'arpenter les rues, de crapahuter d’un pas alerte, de battre le pavé à défaut de taper sur un syndicaliste à coups de pavés dans sa tronche de malappris. Résignés à slalomer entre les autres piétons et vélos qui squattent les trottoirs, les deux roues motorisés qui jaillissent de partout, les rares bus qui fulminent dans le trafic, les tramways sclérosés, les voitures et camionnettes qui se demandent comment convertir un kilomètre en heures de trajet. Ainsi, te voilà découvrant un monde étrange : les rues, boulevards, avenues et impasses qui s’étalent au-dessus des stations de métro et de RER !
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Jusqu’à présent, tu n’habitais pas « rue Fourcade » mais « M° Convention ». Tu n’étais pas à 3 km de ton boulot mais à Alma-Marceau, soit 30 bonnes minutes, lignes 12, 1 et 9. Tu n’avais aucune idée du temps qu’il fallait pour parcourir cette distance avec tes petites papattes, mais là te voilà devant le fait accompli, il faut te lancer. Les précédents mouvements sociaux ont eu raison de ton stocks de RTT, tu as déjà hypothéqué tes congés de Noël dans la Sarthe avec ta grand-tante Josette. Du coup, soit tu risques ta place comme un coup de poker avec Patriiiiiiick, soit tu te lances à l’assaut de la grande ville avec tes mollets hypertrophiés de parigots qui ne bouge que son bras pour pousser les portillons en faisant bling-bling avec ton Navigo.
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Tu as peur, tu as froid, tu ne sais pas si tu vas y arriver, si tu ne vas pas te perdre à tout jamais dans le dédale de ce plein air que tu ne maîtrises pas, que tu découvres d’un coup sous tes yeux ébahis.
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Heureusement, alléluia ! Delanoë est là pour toi ! Oui, à la mairie, ils pensent à ton bonheur, à ton confort permanent et se plient en quatre pour faire de ton quotidien une promenade de santé, une flânerie bucolique et un intense moment de détente.
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Savamment parsemé sur ton parcours, tu auras peut-être l’immense chance de tomber par le plus pur hasard, sur un panneau d’indication avec le plan du quartier. Alors, tu sentiras se calmer tes palpitations, tu auras la délicieuse sensation de ton coeur qui retrouve un rythme normal. « Ouf, je ne suis pas perdu, ils me fournissent la boussole, le GPS ultime, la chance de retrouver enfin mon chemin ! Bénit sois-tu, Saint Embrayage* ».
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Si Dieu te montre la lumière, si le sage te montre l’étoile polaire, Decaux te montre… rien ! Bah oui, rien du tout !
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Tu sais, le fameux « vous êtes ici » dans un joli petit rond qui te permet immédiatement d’avoir ta position sur cette modeste planète, oui ce point de mire, tu le cherches, tu le guettes fébrilement, mais que dalle, tu n’arrives pas à mettre le doigt dessus, le sol se dérobe sous tes pieds, tu sombres dans l’angoisse qui t’étreint de nouveau. Tu es perdu, foutu, tu vas te recroqueviller sous le panneau car visiblement, tu es tombé dedans. Roulé en boule à osciller comme un métronome (argh ! je ne dois pas prononcer le mot métro !), tu veux disparaître comme sur la carte. Alors, dès potron-minet, vers 5 heures quand Paris s’éveille, transi de froid, tu seras ramassé par un petit bonhomme vert. N’aie pas peur, c’est l’agent d’entretien de ladite mairie. Il te reconduira quelque part et t’offrira peut-être un café. Non tu n’es pas sur une autre planète, tu es dans cette métropole que tu ne connais si peu.
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Dur est l’apprentissage de la vie, petit scarabée… très dur. Tiens bon, il reviendra bientôt le gentil métro, tu pourras à nouveau te rassasier de sa faïence, de ses couloirs et escaliers, de ses correspondances, de ses odeurs et de sa chaleur humaine que tu aimes tant…
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Comme tu es imbattable sur les méandres de notre serpent souterrain, voici une devinette pour te chatouiller les neurones du fond, ceux qui roupillent en douce.
A quoi sert cet étrange appendice ?
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Tu ne sais pas ? Allez, cherche un peu. Si tu es sage, gentil lecteur, je te donnerai la solution dans les commentaires. Mais tu peux le faire !
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Au fait, pour le parcours plus haut, c'est quasiment aussi rapide à pinces qu'en transports alors, aucun regrets.
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Ah, j’me sens une âme de poinçonneur des Lilas (et des lits là, tellement il est tard). Je vais rêver d’un monde meilleur, où les transports roulent… enfin.
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Sister "un jour mon train viendra, un jour il partira..."
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*comprenne qui pourra
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