Finies les illusions de bonheur éternel, oubliées les promesses d’amour toujours, aux orties l’idyllique image d’Épinal montrant des amants unis à la vie à la mort, il faut se rendre à l’évidence, nous sommes foutus.
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N’imaginez même pas tenir un quinquennat, au bout de 3 ans c’est plié, mort, ratatiné comme une vieille pomme flétrie et vous n’y pourrez rien. Le sentiment amoureux n’est pas un phénix, il n’a aucune chance de renaître de ses cendres. Ashes to ashes, crumble to dust, noir c’est noir il n’y a plus d’espoir.
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Pas la peine de rêver, y’a plus le fluide magique, ni les hormones qui vous chamboulent la tête et le reste.
En moins de temps qu’il n’en faut pour dire « David Hasselhof », vous serez devenu un gros matou de salon, ronronnant sur vos lauriers, avec la libido en berne.
N’essayez pas de résister, les hommes et les femmes ne sont pas faits pour vivrent ensemble à long terme et vous aurez tôt fait de vous en apercevoir. Tout cela à cause des milliers d’années qui nous ont précédées, car « l’Homme moderne » est tellement récent à l’échelle de l’humanité et nous sommes bêtement restés programmés sur nos réflexes ancestraux.
Ainsi, le mâle est génétiquement programmé pour optimiser la survie de l’espèce et semer ses gamètes à tous les vents. Il doit donc multiplier les partenaires et arpenter le vaste monde pour courir la gueuse.
En revanche, sa moitié est assignée à résidence afin d’assurer la pérennité du foyer et élever la progéniture. Dans cette optique, elle va tout faire pour conserver son guerrier à la maison pour apporter la bouffe et protéger junior. Manque de bol, le type s’ennuie ferme, il rêve de grands espaces, il s’encroûte dans son train-train et finit par perdre sa combativité. Résultat, les protagonistes en viennent à se fritter pour des conneries.
Ca dure depuis la nuit des temps et ce n’est pas près de s’arrêter.
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Analysons un peu la situation actuelle. Si nous restons ensemble, c’est pour partager certaines commodités (la piaule, la bagnole, le frigo, le sac de slips sales, parfois le plumard aussi) et les charges quotidiennes (plus ou moins équitablement). Notamment l’éducation de la génération suivante. Du coup, on finit par se retrouver colocataires (ou foyer fiscal, quand on a officialisé le truc), chacun tentant de conserver une part d’intimité, de loisirs et de jardin secret dans cette promiscuité envahissante.
Comment voulez-vous que les deux ne se tapent pas sur les nerfs ? Elle lui reproche ses chaussettes qui traînent et l’étagère toujours pas posée, alors que lui cherche désespérément tous les moyens disponibles pour fuir cette logistique pénible.
Oui, il passe plus de temps avec ses potes qu’avec vous, madame, mais il faut le comprendre le gars, votre compagnie ne l’intéresse que lorsque vous êtes dans de bonnes dispositions pour le divertir. Ce qui n’arrive pas souvent. En revanche, les copains c’est vraiment fun : bières, PS2, foot, blagues lourdes et évocation de ses exploits perso. Là, pas de doute, c’est que du bonheur et zéro contrainte.
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De plus, il ne faut pas oublier que le mâle a besoin de séduire pour se prouver qu’il est encore vivant. Du coup, y’a méprise, vous croyez qu’il vous trompe alors qu’il se contente de satisfaire un besoin naturel et que vous ne semblez pas avoir les mêmes idées sur ce que cette « consommation » implique. Vous imaginez de suite le pire et exigez des comptes, pourtant vous n’avez rien à craindre. S’il va s’égayer plus loin, ce n’est pas pour retomber dans les travers d’un quotidien lourdingue, il n’est pas fou le bougre ! Il n’ira rien bâtir avec l’autre, elle n’est là que pour la bagatelle et vous restez son camp retranché, le faisant bénéficier de tout le confort tranquille d’une vie bien rangée : le gîte et le couvert, une image sociale conforme à la normale, nickel. Il a ainsi le beurre, l’argent du beurre et surtout le cul de la crémière !
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Mais alors, le seul ciment qui souderait le couple serait la marmaille qu’il a engendré ? Pourtant, les gamins représentent souvent le sujet de bien des discordes également. Il faut avouer que si beaucoup disent : « mes enfants, c’est toute ma vie », bon nombre n’osent pas admettre qu’ils ont dû pour cela, faire moult sacrifices. Notamment le deuil d’une forme de liberté. Finies les escapades improvisées « en amoureux », abandonnés les épisodes torrides de déshabillages fougueux à peine passée la porte du foyer, écartées les envies de rester sous la couette tout le dimanche. Il faut tirer un trait sur tout un mode de vie et l’homme supporte mal ces bouleversements.
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Je ne sais pas à partir de combien d’années de vie commune arrive le premier mouflet, mais il y a fort à parier qu’il doit se pointer vers le cap fatidique de la 3e année, lorsque le couple faiblit sérieusement au niveau de la fréquence et surtout de la qualité des galipettes.
Du coup, ils se disent : « Tiens et si on changeait ? Allez, on arrête les tirs à blanc et on assure la descendance ». Pour sûr qu’ensuite ils en ont de l’occupation ! Et cela permet de jeter un voile discret et pudique sur la morosité des rapports charnels.
« Pas glop, pas glop » comme disait très justement feu Pifou, super héros à deux balles et à tout jamais disparu des périodiques (les journaux hein, pas les serviettes, merci de suivre), tout comme son cousin Pif le clébard mutant, né de l’idylle interdite entre Mc Guyver et l’Inspecteur Gadget.
Rapidement, on se rend compte que ce « petit bonheur » apporte surtout son lot de contraintes et un enchaînement inouï d’emmerdements multiples qui, contrairement aux orgasmes du même nom, ne méritent pas d’être répétés.
Voilà pourquoi je comprends les mecs qui s’accordent quelques moments « off », sortes de pauses respiration dans ce quotidien qui tangue dangereusement vers l’ennui mortel.
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Pourtant, il a toujours cette petite flamme cachée dedans, en son for intérieur, et qui ne demande qu’à se laisser émoustiller par l’incroyable stagiaire aux jambes interminables ou à craquer pour la nénette pas farouche invitée au dernier anniversaire du meilleur pote. C’est humain et scientifiquement prouvé, les hormones du plaisir déclinent à mesure que le couple s’enlise dans la morosité du quotidien. Dommage qu’il ne soit pas possible d’imaginer un bon compromis, une sorte d’idéal fantasmagorique qui n’est pas encore entré dans les mœurs : la possibilité de se choisir mutuellement un partenaire en CDD dont le terme serait la fin de la passion. Cela peut paraître assez trash comme ça, pourtant c’est finalement plus honnête puisqu’on ne se sentirait pas « obligé et contraint » de rester engluer dans une relation qui ne mène à rien. OK, cela compliquerait singulièrement la vie de famille, mais on ne peut pas tout avoir quand même !
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Plus le temps passe, plus je suis constate qu’il y a pas mal de gènes masculins en moi. Mon ADN n’est vraiment pas ordinaire…
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La routine ronge tout, érode l’envie, émousse la virilité, ratatine l’énergie et anéanti la créativité. Du coup, le mâle se « légumise » doucement. Ça vous sape le moral en moins de deux et vous transforme en mollusque triste.
La routine est notre ennemi à tous, elle est redoutable, vous guette à chaque tournant, vous attrape sournoisement et il vous faudra batailler en permanence pour ne pas sombrer.
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Qu’il est fatigant d’avoir à guerroyer, d’être obligé de faire semblant pour donner le change, ce petit jeu est épuisant autant que ridicule. Que le chant des sirènes semble doux aux oreilles non chastes… Céder ou résister, choix difficile, peut-être vital néanmoins.
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La confiance se gagne lentement, pourtant elle se brise d’un coup, tel un verre trop près du bord et les morceaux ne se recollent jamais.
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Quel rapport avec le fait que l'amour ne dure pas ? Juste que vous aurez beau faire, vous finirez par devenir les co-gérants d'un tas de biens mobiliers et immobiliers qui, au lieu de vous facilitez la vie, vous maintiennent là comme une glue surpuissante. Nous sommes tous soumis à ces forces, peu arrivent à s'en extraire. Peut-être faut il apprendre à vivre avec. Je n'ai pas la solution, juste envie d'air.
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Sister of Night "et son rêve d'Icare"
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