Durant mes brèves vacances parisiano parisiennes, je me suis rendue dans une très célèbre enseigne de supermarchés asiatiques qui sévit dans le XIII arrondissement. Je ne citerai pas la marque, après tout, je ne suis pas payée pour ça.
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J’étais curieuse d’apercevoir ces étranges ingrédients exotiques et je n’ai pas été déçue !
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Ils ont des variétés de fruits, de légumes et d’herbes aromatiques dont j’ignorais totalement jusqu'à l’existence même, j’aurais été bien incapable de cuisiner ces étranges produits. Ne souhaitant pas me risquer à choisir ces drôles de crudités, j’ai opté pour des mangues (très bonnes d’ailleurs) et des pêches jaunes qui se sont avérées être bien meilleures que celles de mon maraîcher.
Quelle galère d'ailleurs pour trouver des fruits goûteux et à moins de 6 euros le kilo (en pleine saison aussi), franchement, c’est un scandale de tomber systématiquement sur des abricots durs comme du bois et du raisin fadasse. Surtout dans un pays producteur comme le nôtre !
Bref, là j’étais contente de trouver des fruits qui avaient du goût et un mûrissement correct.
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Ensuite, j’ai déambulé dans les rayons en observant ces emballages qui - au mieux - sont écrits en anglais, mais ne décrivent que très rarement en français ce qu’ils contiennent. Dommage, cette petite entorse à la législation me déplaît un peu. Comment savoir si ce qu’on achète est sucré, salé, épicé, amer, etc.
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N’empêche, quelle incroyable diversité de produits ! Des tas de condiments, des boissons à base de chrysanthèmes (ça ferait fureur en cadeau aux belles-mères), des oreilles de porc laquées (beurk, c'est présenté sous vide et ça donne un sacré aspect gerbant), des bidules déshydratés dont on peut se demander s’ils sont issus du règne animal ou végétal tellement ils sont indescriptibles et méconnaissables, etc.
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Bon allez, je ne vais pas juste ressortir avec mes fruits, je me lance, même pas peur ! Ainsi, j’ai fait tomber dans mon panier de quoi préparer des nems « made in France » et une bricole rigolote.
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Voici le résultat de ma tambouille exotique :
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Oui ils n’ont pas un aspect habituel, c’est juste parce que j’ai opté pour un mode de cuisson qui excluait la friture, du coup ils ne sont pas aussi dorés que ceux que vous connaissez si bien et qui regorgent aussi de gras… burp.
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Ma préparation crevettes-légumes était vraiment à la hauteur de ce que j’en attendais. En fait, le plus long est vraiment de couper les ingrédients en petits morceaux pour les rouler ensuite dans la feuille de riz.
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En dessert, j’ai composé un entremets avec leur tapioca multicolore, mais je n’en reprendrais pas, car ce produit est déjà sucré (ce qui n’était pas mentionné sur l’emballage) et cela a faussé mon dosage habituel. De plus, le résultat escompté n’était pas à la hauteur. Les petits grains verts (même associés à leurs copains jaunes et roses) donnent un aspect périmé qui rend le tout peu avenant.
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Pour qui sait déchiffrer leurs idéogrammes, il faut savoir que les sauces de vos classiques « poulet à la citronnelle » ou « bœuf aux oignons » existent déjà toutes prêtes en bocaux, il ne suffit donc que d’ajouter la viande et quelques ingrédients frais pour donner une touche de croquant et le tour est joué.
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Ainsi, je parie que bon nombre de traiteurs du coin de la rue se contentent de délayer des pots ou des sachets de saveurs lyophilisées sur des morceaux de porc ou de poisson pour préparer leurs recettes. Ce qui expliquerait que souvent le goût ne diffère pas du tout d’un établissement à un autre… Heureusement, qu’il y a aussi de vrais restos, reste à savoir lesquels, car très peu d’entre eux affichent des distinctions culinaires. A quand un guide Michelin avec 3 paires de baguettes pour reconnaître les excellents établissements ?
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Bref, pour ceux qui ne sont que des « assembleurs », imaginez un peu ouvrir un bistrot lyonnais où la carte ressemblerait à ça :
N28 : Raviolis du rayon frais et sauce tomate Panzani
D52 : Aiguillettes de poulet Père Dodu au pesto Barilla et ses pâtes
V31 : Haricots verts Findus et sauce aux cèpes de chez Buitoni
S45 : Beignet de pomme façon Picard.
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Ah ! Le pauvre Escoffier s’en retournerait dans sa tombe ! Colère et indignation des gastronomes qui crieraient au scandale pour cette bouffe en assemblage de boîtes. Et pourtant, nous en sommes quasiment arrivés là puisque dans certaines écoles hôtelières, ils enseignent maintenant la cuisine à base de légumes en conserves, sauces sous vide et fruits surgelés. Franchement, pas besoin d’aller faire des études pour savoir faire ça. Bientôt les maîtres queue ne sauront plus éplucher une tomate à ce rythme. Mais que voulez-vous ma bonne dame, il faut rogner sur tout et nourrir 200 gamins dans un bahut, ça prend du temps et le temps c’est de l’argent alors les grosses filiales de l’agro-alimentaire ne s’embêtent plus à préparer du frais. Les ingrédients proviennent d’horizons lointains, ça permet de faire baisser les coûts. Reste la main d’œuvre qui est toujours trop chère alors on se contente de faire des mélanges à partir de bases déjà précuites.
Et après on ne viendra pas s’étonner de voir la malbouffe qui gagne du terrain, les gamins qui finissent obèses à 6 ans et un désintérêt croissant pour les légumes.
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Enfin je m’égare. Revenons au propos.
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La presse s’est tout récemment fait l’écho de problème d’OGM, de substances toxiques et de produits impropres à la consommation dans la filière asiatique. Ce qui jette encore un froid sur les produits que l’on risque de retrouver dans nos assiettes. Déjà les reportages n’ont pas manqués sur les fameux « appartements raviolis » où l’on voyait des particuliers préparer dans des conditions d’hygiène exécrables, des bouchées vapeurs et autres plats dont les ingrédients étaient largement périmés.
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Je croyais naïvement que le gouvernement mettait tout en œuvre pour assurer des filières de contrôle qualité, des vérifications douanières et autres. Visiblement ce n’est pas le cas et tout le monde semble bien se foutre de savoir si ce qui finira dans nos estomacs est réellement sans risque.
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D’après ce constat, je suis obligée de m’interroger sur la probabilité plus qu’élevée de trouver dans nos paniers : de la vache folle (si si, il y en a encore de nouveaux cas répertoriés régulièrement), de la volaille au H5N1, etc.
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Enfin, je ne voudrais pas vous couper l'appétit, juste vous inviter à lire les étiquettes - quand c'est possible ! - et à privilégier les aliments frais, le goût est tellement plus subtil et les bénéfices en terme de vitamines et saveurs n'est plus à prouver. Voilà, j'en retourne à mes fourneaux.
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Sister of Night "sayônara"
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