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Et voilà, l’échéance est arrivée, je vais larguer les amarres pour voguer vers d’autres cieux plus cléments, changer d’horizon, mettre le cap sur la mer de la tranquillité. Comment ça, je fais des plans sur la comète ? Ne brisez pas mon rêve ou je vous satellise la tête dans les étoiles (objectif Lune ?), la mienne y est déjà.
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Mes collègues préférés m’ont offert une orchidée de toute beauté, d’une élégance rare et dont le vert tendre évoque l’espérance d’une vie meilleure. Simplement sublime.
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Vous voulez que je vous les présente ? D’accord. En rang par deux, suivez le guide.
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N. : Elle est de la « vieille école », consciencieuse et appliquée. Elle en a vu passer, en plus de 30 ans de carrière. On peut dire qu’elle fait « partie des meubles » et avait été embauchée par M. o_O père. « Lui au moins, il ne nous faisait pas de coups tordus, on était bien considérés ». Elle a refusé la médaille du travail. Les flonflons et tout le tralala, ce n’est pas son truc.
Qui, de ma génération, pourra espérer obtenir pareille distinction ? Dans notre époque qui zappe en permanence (familles recomposées, restructuration, changement de métier, etc.) la stabilité tend à perdre du terrain.
Ses seuls arrêts de travail ? La naissance de ses enfants. Jamais malade ! Elle est taillée dans le bois dont on fait les centenaires. Elle est à deux ans de la retraite, mais voudrait partir maintenant. Se farcir des formations lourdes, un nouveau logiciel et des connaissances techniques pour reprendre mes dossiers, très peu pour elle. J’espère qu’elle va s’y opposer vivement, qu’elle tiendra bon.
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H. : Seul homme de l’équipe. Ce simple statut lui vaut d’être le souffre-douleur du boss. Il faut dire qu’être plus compétent que le patron, ça donne des motifs de fâcheries. Il est donc quotidiennement maltraité moralement, harcelé pour des peccadilles. L’enfer permanent, sans relâche. Il est le prochain sur la liste des « candidats désignés pour être volontaires au départ ». La situation est invivable, bientôt ils ne communiqueront plus que par lettres recommandées et par avocats interposés. Décidément, l’histoire se répète ! Jusqu’à quand ? Avec un tel traitement, il finira bien par partir… peut-être les pieds devant ! Pourquoi tant de haine ? Attention H., ménage ton cœur fragile, car ton adversaire en est dépourvu.
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M. : Nos franches parties de rigolades vont tellement me manquer. Grâce à toi, j’ai découvert des techniques de relaxation formidables, un ostéopathe en or et surtout une philosophie de la vie qui me manquait.
Avec qui vais-je échanger mes dernières acquisitions littéraires maintenant ? Tu sais garder la tête froide dans les moments délicats. Tu réussis parfois à imposer tes vues à notre arrogant patron, il t’oblige pourtant trop souvent à faire le sale boulot. Je ne sais pas comment tu tiens le coup pour supporter l’ambiance du bureau et le reste (perso), que je sais très lourd à porter.
Ton univers est assez éloigné du mien, mais cette différence culturelle et sociale m’aura énormément apporté. Garde ta bonne humeur et ton esprit pétillant, c’est une bouffée d’oxygène.
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Il est temps de refermer la porte, de tourner la page, d’aller voir ailleurs si j'y suis, car j'y serai, sur le pont, dès lundi. Sans regret o_O.
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Sister « bon, bah faut y aller maintenant »
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