Aujourd’hui, c’était mon anniversaire.
À part cette information d’une importance toute relative, ma journée s’était passée sans problème, ordinaire et banale, mais sympathiquement agrémentée de SMS, mails et autres commentaires FB m’encourageant à affronter dignement le grand sablier céleste.
Il était 17h et j’avais déjà très largement fait mon quota d’heures de taf, j’étais donc en train de finaliser les derniers dossiers en cours et - pour une fois - partir un peu avant 18h.
Appel de Big Boss : « vous pouvez venir dans mon bureau ? ». Question qui n’en est pas une, c’est une demande quasi martiale, je m’exécute donc.
Voici les faits tels qu’ils se sont déroulés, je n’invente rien, c’est du brut de décoffrage, seuls les commentaires en italiques sont des précisions en sus.
« Voilà, on met fin à votre période d’essai aujourd’hui, votre solde de tout compte est là, vous préférez le signer tout de suite ou qu’on vous l’envoi en recommandé ? » => je suis dans l’entreprise depuis quasiment 4 mois.
« Oh je vais prendre tout immédiatement, ça vous évitera les frais ».
« Voici votre paye arrêtée à ce jour, vos congés, on a déduit les tickets resto et il y a l’indemnité de préavis, signez chaque feuille en mentionnant que vous les avez reçus en main propre aujourd’hui » => pour information, il est interdit de rompre une période d’essai sans respecter un délai de prévenance, d’où le préavis qui compense l’entorse à la loi qu’il ne s’est pas privé de faire.
« Euh, il y a une erreur sur l’attestation ASSEDIC, l’indemnité n’y figure pas »
« Oh non, c’est pas vrai ! Allo M., venez de suite, il faut corriger un document et aller le faire signer à C. en urgence ! ».
« C’est bon, j’ai signé » => pas une autre parole de ma part, j’étais scotchée.
« Tenez, voici une chemise, prenez vos feuilles et je vous rappelle dans 5 minutes pour celle qui manque ».
10 minutes plus tard.
« Vous pouvez revenir », « signez comme pour les autres ».
En me levant pour partir, je lui balance avec un grand sourire : « Ah oui, c’est original comme cadeau, je m’en souviendrai de cet anniversaire ! ».
« Ah bon, c’est aujourd’hui ? Hé bien bon anniversaire, vous savez je ne regarde pas ce genre de chose, moi les dates… » => rappelons qu’il vient de me virer, mais me souhaite mon anniv’ ! J'hallucine !
« Mais sinon, je peux avoir une explication ? J’ai fait une erreur ? Il y a un problème ? ».
« Non, juste un souci de communication, pour mille choses et pour rien, vous êtes très indépendante et cela n’est pas dans nos méthodes, vous devriez avoir un poste autonome plutôt qu’au sein d’une équipe. Vous êtes jeune, vous retrouverez facilement du travail, au revoir ».
« Oh oui, je ne m’angoisse pas pour ça. Au revoir » => j’aurais dû dire adieu.
Sur ce, je suis retournée à mon bureau, ai rangé mes affaires et appris la nouvelle aux quelques collègues encore présentes qui n’en revenaient pas. L’une de mes chefs n’était même pas au courant, elle est tombée des nues. L’autre regardait ses pompes et faisait mine de ne pas m’entendre, ce qui n’est pas évident dans un open space où juste 3 cartons me séparaient d’elle. Bah oui, c’est elle-même qui m’avait préparé mon dernier bulletin et l’attestation erronée, elle venait de me pousser vers la sortie. Je ne sais pas ce qu’elle a dit de moi en hauts lieux, mais visiblement mon autonomie et mes méthodes efficaces devaient lui faire de l’ombre alors elle m’a évincé. Elle n’a pas compris que je ne voulais pas son poste, mais elle a dû croire à une rivalité. Finalement, c’est comme dans « Le Maillon Faible » les losers éliminent toujours les forts comme ça ils savent qu’ils ne se retrouveront qu’entre médiocres et qu’ils auront plus de chance de gagner.
Chose que je n’ai pas comprise, elle m’a demandé mon numéro de portable pour me recommander à un client qui pourrait être intéressé par mon profil. Visiblement, elle a déjà des scrupules de son acte. Tant pis pour elle, moi je peux me regarder dans le miroir sans honte ni remords.
L’autre chef m’a glissé en douce les coordonnées de quelqu’un qui recrute aussi en ce moment et cerise sur le gâteau, l’un des associés (pourtant réputé assez dur) a immédiatement transmis mes coordonnées à l’un de ses contacts et j’avais déjà un message du gars sur mon portable alors que j’avais passé la porte depuis moins d’une heure.
Ca pourrait être flippant, mais je suis confiante, bosser dans une entreprise qui est plutôt une espèce de couvent austère où les mères supérieures sont envieuses, ce n’est pas non plus mon idéal professionnel.
Oui je rebondirai, oui je ne suis ni inquiète, ni traumatisée.
Ce soir, il me reste une drôle d’impression, celle de m’être faite plaquer, ce qui me fait très bizarre, moi qui suis une grande adepte de la diplomatie et du respect d’autrui.
Autre truc étrange, c’est l’idée que je vais devoir m’inscrire au chômage, alors que je bosse depuis plus de 12 ans (et même 20 si on compte les jobs d’été et du soir de mes années d’étudiante), mais n’ai jamais eu de temps-mort entre deux CDI.
Pour la première fois de ma vie, je ne sais pas ce que je vais faire lundi, je ne serai ni au boulot, ni en RTT, ni en congé… juste chômeuse surqualifiée.
La vie vous réserve de drôles de surprises parfois pour votre anniversaire…
Sister « happy birthday… ou pas»