Nous y sommes, les chiffres sont formels, c’est entre le 15 juillet et le 15 août que les Français vont massivement se coller les orteils en éventail entre un verre de p’tit jaune et la tente du gros Dédé. D’autres se la pèteront jet-set prolo entre téquila et camping-car. Certains – plus branchés famille – opteront pour la sangria entre le barbecue de la tante Paulette.
Soyons précis, entre 1 et 99 % (à plus ou moins 1 %) vont quitter la tyrannie de leur chef pour celle de leurs gosses.
Hé oui, même si vous n’en n’êtes pas encore conscients, une autre forme de calvaire vous guette sournoisement, avec sa petite tête blonde et son air de chien battu.
Vous ne me croyez pas ? Alors un bref briefing s’impose. Prenez vos cahiers, on note.
Avant le départ : l’épreuve des valises.
« Non Choupinette, tu ne peux pas emmener tous tes nounours pour qu’ils voient la mer, on n’a pas un bungalow pour 12 personnes. Remets tes shorts dans le sac à la place de Barbie Pouf’ qui ne fera pas plouf ».
Lors du trajet : la règle du cumul des bouchons, ceux de l’A7 et les boules Quiès dans vos oreilles.
« C’est quand qu’on arrive ? Papa, c’est encore loin la mer ? Maman pipi ! Hiiiiiiii, y’a Thomas qui m’embête ! Et pis j’ai faim. Rhoooo Sandy elle a vomi sur le chat. On est bientôt arrivés ? ».
L’arrivée : la délivrance ? Non, le début d’un autre enfer.
« Roger, où sont les gosses ?
Bah j’sais pas, je déchargeais la bagnole, tu peux pas t’en occuper un peu, j’ai 800 km dans les pattes.
Merde ! Je ne les vois pas !
Bouge-toi le cul feignasse, fait le tour du camp.
Ouf, ils faisaient une bataille d’eau dans les sanitaires… ».
Le quotidien : Vous rêviez de grass’ mat’ et de siestes ? Oubliez !
« Maman, j’veux aller au Club Mickey !
Nan, mais on n’est pas les Rotchild.
M’en fiche d’eux, j’y vais avec mon copain Rodriguez ».
« Véro, t’as pensé à l’apéro ? Y’a plus de saucisson ? Il est où mon caleçon de bain ? Les gamins sont à la piscine ? J’enlève ta salade du frigo pour mettre mes bières. T’as pas mis mes tongs dans ton sac ? Qu’est-ce t’as fais d’mon briquet ? ».
« Roger, faut faire gaffe au budget, hier on en a eu pour 146 € pour 3 pizzas et 2 cocas et ¼ de rosé, maintenant faut aller à l’hyper chercher du taboulé en boîte pour réduire les frais ».
« Papa, le grand frère à Momo il a fait plein de trous d’aération dans ma tente avec sa cigarette, c’est rigolo hein ? ».
« Bon, on vérifie si on a tout pour la plage, inventaire général ! Glacière, parasol, crème solaire, goûter, bières, jus de fruit, nattes, serviettes, maillots, lunettes, bobs et casquettes, sandales et tongs, shorts, t-shirts, paréo, radio*, magazine, téléphone*, la pelle et le seau, jokari*, pétanque en plastique, pare-vent de plage… C’est bon ! On arrête là, le coffre est plein ».
Le retour : parce que toutes les (pseudos) bonnes choses ont une fin.
« Allo Monsieur Roger ? C’est votre conseiller financier, vous avez dépassé votre découvert autorisé de 3256 €, vous pensez avoir une rentrée d’argent très prochainement ? ».
« Hum, Véro, c’était mon boss, on va devoir écourter les vacances d’une semaine, tu sais une commande urgente vient d’arriver, ils ont besoin de moi, tu sais comme je suis un maillon fort de la boîte… ».
La suite : et dans un an ils reviendront, j’entends le loup et le renard chanter…
Sister « sur la plage abandonnée… coquillages et crustacés… »
*pour mieux pourrir la vie des voisins de plage.