Ce matin dans le métro, j’ai vécu une expérience un peu étrange et pourtant très simple.
J’étais assise sur un strapontin et une jeune femme - dont je serais bien incapable de déterminer l’âge - était assise sur celui d’en face. Un visage assez ordinaire, une coupe de cheveux qui ne la mettait pas en valeur et une tenue plutôt banale. Je bloque sur ses chaussures – des Kickers – qui me rappelaient celles que je portais étant gamine. Les siennes présentaient des marques d’usure pas ordinaire, notamment sur la face avant du pied gauche.
Oui, bon, rien d’important, je replongeais donc dans mes pensées…
Il faut que je ferme mon PEA, il est vide et je ne l’utilise jamais.
Penser à envoyer le chèque pour le paiement de la mutuelle.
2 semaines que je dois acheter des DVD-R pour ma mère, je n’ai jamais le temps.
Ouais, cool, ce soir c’est la paye.
Bof, je ne vois pas, j’essaye de me concentrer sur ma musique…
What can I say? (I don't want to play) anymore
What can I say? I'm heading for the door
I can't stand this emotional violence
Leave in silence
Au moment de descendre à ma station, elle se rapproche de moi, me murmure quelque chose que je lui fais répéter, car je n’avais pas eu le temps d’enlever mon casque.
« Pourriez-vous m’aider à descendre s’il vous plait ? »
« Euh, oui, bien sûr, prenez mon bras… »
« Oh merci, c’est gentil »
« Hum, ça va aller ? Car je ne vais pas dans votre direction ? »
« Oui, c’est parfait, c’était juste pour descendre, maintenant c’est bon »
« Bonne journée alors »
« Merci, vous de même ».
En m’éloignant sur le quai, j’étais abasourdie, comme sonnée, avec une bouffée de larmes qui montait d’un coup dans mes yeux et me serrait la gorge. Ce fut très bref et pourtant si intense émotionnellement comme échange. Cette fille m’avait juste repéré pour lui donner un coup de main, presque rien, un geste minuscule, un pas devant l’autre, ce qui nous semble si évident à nous qui sommes bien portants et si peu conscients la chance que nous avons.
Ça se voit donc à ce point sur mon visage que je suis une version humaine du Saint Bernard ? Tant mieux si j’inspire confiance au gens, ça fait chaud au cœur et finalement, cette B.A. matinale m’a laissé une image forte : j’ai échangé mon aide ponctuelle contre un peu de sa joie de vivre, tout naturellement, et ça fait un bien fou. Quelle belle leçon d’humilité.
Sister « clopin, clopant »