Ah non, aujourd’hui y’a de la morue au menu !
Décidément, on trouve de tout dans le métro, même une nana dont je croyais l’espèce à jamais disparue dans la capitale de la mode. À part quelques jeunes Japonaises excentriques ou des Anglaises old school, la banalité vestimentaire et comportementale domine largement à Paname. Oh si, y'a des trucs qui sortent du lot : les mamas blacks qui portent d’immondes châles marrons en acrylique à deux balles et marqués des célèbres monogrammes de Chanel, Gucci ou Vuitton. À ce stade, ce n’est même plus de la contrefaçon, c’est de la pure faute de goût. D’ailleurs, les chiens de garde de la répression des fraudes ne se sont même pas penchés sur le problème, la serpillère ne fait vraiment pas illusion une seconde.
Bref, ce jour-là, j’avais en face de moi, un spécimen de la plus belle espèce, d’un genre totalement périmé, allez, je m’en vais vous en brosser le portrait, un tableau pas jojo.
Commençons par la choucroute. Un modèle du genre : peroxydée jaunâtre avec plusieurs centimètres de racines brunes (ou plutôt poivre et sel), crêpée pour faire du volume moche et en prime une grosse mèche engluée dans un mouvement figé à la laque extra-forte (ou au vernis-colle, je ne sais pas trop, j’suis pas assez bricoleuse de la touffe du haut) pour faire tenir cette masse capillaire en apesanteur. La longueur qui retombe sur ses épaules présente des fourches typiques qui font ressembler le tout à une botte de foin (peut-être transgénique d’ailleurs ?) sur les bords, au milieu, c’est vrai qu’ça craint un peu.
Passons à la façade… « à rafraîchir » comme dirait un agent immobilier. Le teint terne de celle qui clope trop, la peau fanée et grisâtre, tannée et fripée par les excès de soleil. Maquillée comme une voiture volée (on dit aussi « comme une Bachelot »), les yeux largement cerclés par un halo de fard à paupière turquoise et brillant, beurk. Une bouche énorme, obscène, de celle qu’on imagine pouvoir battre certains genres de records dont vous imaginerez aisément la teneur. Le tout barbouillé d’un rouge à lèvres fuchsia qui pique les yeux et bave largement sur les contours. Oups là, la gerbe me guette ! Elle mâche bruyamment un bout de chewing-gum qu’on voit tourner dans sa bouche comme une chaussette dans le tambour d’un lave-linge. La grande classe !
La tenue est également sobre et de bon goût. Pantalon en cuir, santiags, veste indescriptible faite de tas de plis mous et accessoire qui tue : un sac sans forme mais immense, en matière non définie (genre simili plastique) vert pomme avec des petits trous en lurex argent. Et ils le vendent ça ?!?! Je vais vomir !
Bref, un sacré cocktail de féminité drapée d’une élégance rare. Burp.
J’en viens à comprendre pourquoi certains mecs virent leur cuti et finissent à voile et à vapeur. Il faut admettre qu’il y a de quoi se faire moine. Ou alors faut avoir faim comme on dit, très faim même ! Car pour se coltiner cette compilation de ratages esthétiques, faut vraiment en vouloir.
Je me demande pourquoi aucune de ses copines ne lui a conseillé de calmer le jeu, d’y aller mollo sur le mauvais goût.
Je me demande si ce sont vraiment des copines…
On n’est jamais trahi que par les siens.
Sister « au naturel, comme le thon de bon ton »