Le libraire de la rue où je bosse est asiatique, les cheveux trop longs et filasses, plus sel que poivre, toujours un peu l’air de rêver, sa boutique est plutôt bordélique, il faut gérer des centaines de journaux et magazines, avec ou sans suppléments (feuillet spécial sport ou fashion week, DVD périmés, jouets moches, 1492e pièce du Charles de Gaulle au 1/125e, etc.).
J’entre dans sa tanière, fait mine de chercher un titre et de guerre lasse lui demande tout de go (oui je suis joueuse) :
« Vous n’avez pas reçu le nouveau Régal ? »
« Euh non, pas encore arrivé »
« Dommage, on est sur les dents, c’est pas sympa de nous laisser ainsi sur notre faim »
« Vous voulez Etoile à la place ? »
« Pas question ! Rien que voir ainsi la tête de Bocuse drapé ainsi de son incroyable suffisance me répugne ! Regardez la pose méprisante qu’il prend et comment il nous toise du haut de sa 1ère de couv’ ! »
« Hi hi hi »
« Régal devrait arriver cette semaine ? »
« Oui, jeudi je pense »
« Alors très bien, je serai de retour Je(u)di ! »
Sister « bonne année aux bœufs et aux croupes charolaises aussi »