Je ne sais pas si cette tradition perdure dans votre entreprise, mais il faut admettre que le partage de la galette des rois entre collègues peut-être un moment de franche camaraderie… ou pas ! :(
Il y a toujours le risque de ne pas pouvoir échapper aux blagues encore plus grasses que la pâte feuilletée et dont vous avez tous quelques exemples en tête, du genre :
« Allez ! Il faut que la plus jeune aille sous la table ! »
« Oh non, j’ai déjà donné l’année dernière »
« Alors c’est la nouvelle stagiaire qui s’y colle »
« Non, pas question ! C’est de l’exploitation, en plus cette coutume est sexiste et dégradante, pas question, je ne me soumettrai pas à cette démonstration de machisme ! »
« Pff, savent plus s’amuser les jeunots… ».
Certains patrons se contentent de souhaiter leurs meilleurs vœux, d’autres en profitent pour rappeler que malgré la crise, nous devrons tous poursuivre nos efforts. Ceci préparant idéalement les esprits pour les prochains entretiens individuels annuels et à la rigueur budgétaire qui oblige à ne pas revaloriser les salaires ou à réduire les primes comme peau de chagrin.
Peu de chefs pensent à remercier leurs équipes de suer sang et eau pour leur payer la voiture de sport dernier cri, pourtant, cela serait l’occasion rêvée de mettre du baume au cœur et de changer un peu du management « coup de pied au derche » qui donne rarement de bons résultats.
Quelques salariés prennent ce moment comme une contrainte (encore un prétexte à une énième réunion moralisatrice), d’autres s’en fichent pas mal et se charge de boulotter en douce la part de frangipane à peine entamée des minettes filiformes, quelques-uns boudent parce qu’ils n’ont jamais la fève, etc.
Le Français étant d’un naturel un brin râleur (oui, c’est un doux euphémisme), il y va d’office de sa petite critique :
« Ouais bah t’as vu, c’est du mousseux et une galette premier prix, ils nous prennent vraiment pour du bétail »
« Nan mais regarde-moi ça la débauche de galettes XXL et de champagne de marque, bah on voit où passe nos augmentations ! »
« Encore de la galette ! Mais on en a déjà eu l’année dernière, ils ne pourraient pas changer un peu ? »
« Non merci, je n’en prends pas, je n’aime pas ça et comme c’est un pseudo cadeau du patronat, je pense que cela cache quelque chose de louche ».
Hé oui, c’est ça aussi la vie en entreprise, ces petits riens qui font tourner la belle mécanique en donnant l’occasion de critiquer, de donner du bâton plutôt que de promettre une carotte, de faire marcher le commerce des pâtissiers à la solde des labos pour médocs anticholestérol, de revoir les gars du service d’à côté qu’on ne croise plus devant la machine à café depuis qu’elle est devenue non-fumeuse, de comploter sur qui sort avec qui, de voir que le patron a vraiment une tête d’alcoolique même s’il fait mine avec son verre de jus d’orange, etc.
Perso, j’ai pas eu la fève, je n’aurai pas d’augmentation, je me fiche de qui se tape qui et en prime je ne bois pas de café alors qu’est-ce qu’il me reste ? Bah une bonne part de galette des rois… moi qui suis la reine des pommes pour avoir tout bien rangé la salle après les agapes, alors que je n’avais pas à le faire. Trop bonne, trop conne.
Sister « j’aime la galette… savez-vous comment ? Quand elle est bien faite… avec du beurre dedans… »