Ainsi donc, pourquoi voulais-je vous entretenir des bourgeons (aux branches et sur le front du djeun Kévin qui a oublié sa lotion miracle pourtant on lui avait dit qu’il le valait bien), des caniches nains qui étrennent leur nouveau brushing tout neuf (assorti à la création capillaire de leur maîtresse, garantie « tendance de la saison » et dûment accréditée par les cahiers du même nom), mais encore et surtout de la montée de sève ! Oui, oui, je sais bien ce que vous pensez… ça tombe bien, moi aussi ! ;-)
On a beau dire mais dès les premiers rayons du soleil, le filles ressortent leurs mini-jupettes avec le petit top super « fashion victim », envahissent les terrasses de café côté face (celui qui va bien pour parfaire le hâle léger débuté à prix d’or en institut). Et là, en plus d’affoler le mâle innocent (enfin presque) qui passait par là pour s’en jeter un p’tit avec ses potes et commenter d’un avis d’expert (en fauteuil-bière-chips), le match de la veille, que ce passe-t-il ? Un drame se noue sous nos yeux et pourtant, nous vaquons à nos occupations sans nous rendre compte du terrible désarroi dans lequel la gent féminine est plongée. Oui, cher lecteur, ce n’est pas une révélation digne du Sun ou de Voici concernant le dernier furoncle de Britney Spear, mais la tragédie est là ! D’ailleurs, si vous étiez un peu plus attentif aux titres de la presse féminine, vous auriez déjà vu où se situe le problème. Vous vous en foutez comme de l’an 40 ? Moi aussi, je ne parcours ces foutaises que chez mon généraliste et ses magazines sont souvent périmés depuis ½ lustre, c’est dire ! Bon, ouvrez les yeux. Oui là, regardez attentivement, juste derrière vos bras tendus à lire la énième confession de Zidane, au delà de la quatrième de couv’ de l’Equipe, il se passe un spectacle aussi déroutant qu’affligeant.
Un rapide examen des femelles attablées devant leur salade / Perrier et vous constatez qu’elles s’examinent l’une l’autre, se tâtent la cuisse ou la taille en étant toute à la fois horrifiées et convaincantes. Quoi ? Vous n’avez toujours pas compris où se joue le drame ? Vous y mettez vraiment de la mauvaise volonté.
Voici donc un extrait des dialogues :
« Mais si Mauricette, regarde z’y donc un peu c’te cellulite pourrite sur ma jambe ! Oh c’te misère, c’est point Dieu possible que j’rentre dans mon maillot avec un bide pareil carrément flasque et j’te cause pas de comment qu’je suis boudinée dans mon bermuda en coton satiné Gucci, j’vois point comment j’vais tenir la distance c’t’année ! ».
Le lecteur attentif aura remarqué que j’ai choisi intentionnellement un accent assez « terroir » pour retranscrire l’échange verbal car si j’avais utilisé la rhétorique exacte et tarabiscotée employée par les personnes visées, je risquais le procès par des centaines de pseudo gravures de mode (ou attachées de presse) qui m’auraient attaquées pour plagiat ou utilisation frauduleuse de leurs propos. Sans compter qu’il aurait fallu vous traduire en termes compréhensibles le charabia technique que les bobo-branchouilles-jet-set (et match !) abonnées aux défilés de créateurs utilisent entres elles pour décrire leurs dernières trouvailles. Un exemple pour les sceptiques ? Allez savoir ce qu’est une « blouse à manches chauve-souris en mousseline de soie imprimée » ? Je vous le donne en mille, c’est en fait un grand morceau de tissu à la forme très floue et presque impalpable de légèreté, le tout affublé d’un immonde motif (que même les hippies n’avaient pas osé en 68) et qui doit faire office de chemisier. Alors ? J’vous avais pas menti, hein !
Revenons à nos moutons (mêêêê ! Nan, y’a pas d’mais). Ainsi donc, depuis mars, toutes les feuilles de choux (à destination des femmes) et autres supports publicitaires imprimés qui ne sont qu’un seul et même concept d’ailleurs. Tous en ont fait leurs choux gras, il faut maigrir !
Pas d’alternative, aucune échappatoire, no way girls !!!
Régimes (selon votre groupe sanguin), crèmes (magiques et dont l’effet s’arrête dès que le pot est vide), massages (argh, le palpé-roulé vous bousille la barbaque en deux séances), appareils de torture (ça vous secoue la couenne par des spasmes répétitifs), sport au quotidien (on serre les fesses en attendant le bus), compléments alimentaires (gélules douteuse au contenu non identifié) et j’en passe !
Chaque millésime a sa propre nouveauté, son truc miracle inédit, son incontournable !
Ainsi, les couvertures rivalisent de trouvailles dans les rayonnages du libraire débordé et foutent une pression d’enfer à toutes le p’tites nanas qui ont tout à prouver car elles font la tendance ou les quadras qui veulent se la péter comme les gamines.
Objectif ventre plat, seins fermes, taille de guêpe, cuisses fuselées, peau lisse partout (justice nulle part). C’est le challenge, il FAUT perdre ces 5 kilos avant l’été et tous les moyens sont bons.
J’ai pitié d’elles, cela me fait mal au cœur, pourquoi une telle mise à l’épreuve annuelle ? Une volonté farouche de survie (mentale et physique) me garde de suivre leur comportement. Je les comprends mais les plains aussi.
Est-ce que la pivoine qui éclos actuellement se met martel en tête pour être encore plus belle que l’année précédente ? Non, elle nous régale de la douceur de ses pétales, de son parfum suave et de ses couleurs rayonnantes sans que nous nous posions la question qu’il puisse en être autrement.
Maintenant, messieurs, juste une dernière chose car vous avez dû, vous aussi, vous moquer un peu en lisant ces lignes. Bah oui, on en connaît forcément des victimes de ce genre, ça frôle le grotesque et on rigole bien de cet état de fait. Sauf que… maintenant, il suffit de tourner la tête vers VOS magazines et vous verrez que le vent a tourné… Et les titres sont les mêmes ! Le combat a changé de cible… and you are the quarry ! Oui, vous pouvez pleurer maintenant ou effacer ce rire (jaune) de votre visage.
Sister « vous reprendrez bien un peu d’alfalfa ? »