Tu t’appelais Fauve, mais aussi Ma Petite Wonder et surtout La Catoune.
Tu as partagé plus de 16 ans de ma vie et mis à part le temps passé avec mes parents et mes frères, je n’avais jamais vécu si longtemps avec quelqu’un.
Oui, tu es quelqu’un et pas n’importe qui, un vrai membre de ma famille, une personnalité propre, un amour inconditionnel et authentique.
Les chats qui croisent nos vies avec une telle intensité nous marquent à tout jamais.
Ton départ vers l’au-delà a été brutal, presque violent et il me laisse face à ma conscience.
Qui suis-je pour décider si tu devais vivre ou pas ? Pourtant j’ai dû arbitrer entre souffrance et résignation. Faire ce choix immonde mais indispensable d’ôter la vie en donnant à la vétérinaire le mot fatidique qui t’a fait basculer vers la paix éternelle.
Mais quelle responsabilité énorme. Je n’étais pas prête et ne le serai jamais.
Toi qui ne te plaignais jamais, te voir ainsi dans cette grande fragilité... ça m’a bouleversé et lorsque tu as poussé ces miaulements si inhabituels, j’ai compris que c’était ton appel au secours, ta détresse qui s’exprimait. Ce cri déchirant qui m’a fait basculer vers la nécessité de t’accompagner dans ton dernier voyage.
C’est terrible d’avoir à faire cela. J’espère que tu me pardonneras et que cela t’aura apporté un soulagement plus qu’une épreuve.
Je vais devoir apprendre à vivre avec ton absence. C’est déjà très dur. Quand on partage une telle tranche de vie, un même lieu et les aléas du quotidien, ce sont comme des milliers de petits cailloux que l’on laisse sur notre chemin.
Toi qui aimais tant venir grappiller des morceaux de fromage, grignoter ma salade fraîche, lécher mes yaourts ou me taxer de grosses miettes de viennoiseries, je ne cuisinerai plus jamais sans y penser.
Toi qui te faufilais dans mes jambes quand je marchais et qui m’obligeais à me transformer en équilibriste pour ne pas te renverser, je ne marcherai plus jamais sans me méfier.
Toi qui m’apportais les « chaussettes trophées » dès que je partais pour me montrer que même en appartement, tu savais me gratifier du produit de ta chasse, je n’enfilerai plus jamais l’une d’elle sans me dire que tu étais fière.
D’ailleurs, c’est ce qui m’a mis la puce à l’oreille sur ton état de santé s’aggravant d’un coup, quand samedi soir, je n’ai pas trouvé mes traditionnels « cadeaux » dans l’entrée. Comme quoi cela tient à peu de chose et les mots sont inutiles quand on se connaît si bien. Quand une brèche intervient dans des habitudes si ancrées, c’est qu’il y a quelque chose qui cloche. Mon intuition ne m’a pas trompée. C’était aussi ça notre langage commun.
Quand les gens qui n’ont pas cette relation avec leur compagnon animal s’étonnent de voir que je discute avec mon chat, je suis bien obligée de leur expliquer que nous discutons et que s’il me pose des questions, je dois bien lui répondre.
Ce n’est pas choquant pour moi, je parle avec tous les êtres vivants ou non, car j’ai la conviction que les pensées trouvent leurs chemins et que la conscience a sa propre façon de se transmettre. Émettre l’intention, ressentir l’émotion, exprimer notre ressenti, c’est partager une énergie forte et je suis sûre qu’elle se transmet sans barrière de langue ou d’espèces.
C’est à tes côtés que j’ai appris tout cela, parce que tu as renforcé ma conviction initiée depuis toute petite et mon premier chat. Je ne savais pas parler aux humains mais arrivais très bien à comprendre mon Mimi, parce que le langage du cœur ne s’encombre pas de syntaxe et de grammaire. Je ne sais pas si c’est notre cerveau reptilien qui est à la manœuvre, mais la communication passe sans problème.
Voilà pourquoi ta détresse des derniers instants m’a fait aussi mal qu’à toi, je la vivais aussi. En te délivrant, j’ai donc tué en moi une sorte de douleur. Je sais que tu seras toujours auprès de moi, dans mes pensées et au détour des habitudes, gestes ou objets que nous partagions.
Je te remercie infiniment d’avoir été dans ma vie pendant presque 17 ans et je sais que même tes moments de « râlage » me manqueront, mon chaton CGTiste (Chat Grognon Temporairement).
C’est fou le vide immense que laisse la perte d’un être cher. C’est vertigineux et abyssal. « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ».
J’aurais envie de te raconter pendant des heures, mais tout restera intact dans mon cœur et même si un jour, la mémoire me fait défaut, je sais que tout est inscrit en moi à jamais.
A ma Fauve Wonder, ma Catoune formidable. Je t’aime.
Le crédit photo est à la faveur du meilleur photographe amateur que je connaisse : Frédéric Quointeau, que je remercie infiniment.